Chronique

Lucien Dubuis’ Crossover Jazz Trio

Sumo

Lucien Dubuis (sax, clar, xylo) ; Lionel Friedli (d, percu) ; Simon Gerber (b, g, sousaphone)

Label / Distribution : Altrisuoni

Quelle découverte !
Pourtant, Sumo, avec la photo sur la pochette, j’avais peur que cela soit un peu… lourd. Dés les
premières secondes, un saxophoniste criard, aigu, tonitruant s’empare de l’espace. Pas d’issue. Au
départ tout paraît normal. Un trio saxophone, basse, batterie, comme on en connaît déjà, n’a rien
d’inquiétant. Mais, ces trois-là ne s’en contentent pas : rythmes binaires, martelés, basse très
profonde, quelques effets sonores, voix, ustensiles en tout genre, tout vous est jeté à la figure. Il
faut bien accepter l’idée que ce trio a des choses à dire et qu’il ne laisse pas une occasion à
l’auditeur de répondre. Le saxophoniste, très loquace, tient en permanence, comme une sorte de
discours continu, des petites phrases, des riffs qui rappellent le travail de Stéphane Payen et/ou
Julien Lourau, selon les morceaux. Lorsqu’il prend la clarinette basse (Rolf et Gigi) il ne s’en sert
pas exactement comme tout le monde… et c’est très réussi. Les deux rythmiciens (Friedli et
Gerber) travaillent d’une façon très précise, très violente, efficace. Ce qui rend ce disque et ce
groupe intéressant, c’est qu’il propose un jazz très moderne qui, bien qu’il soit affilié à un courant
(le binaire, les polyrythmies, le groove…), sonne de façon originale et personnelle.
De plus, comme pour mieux vous convaincre, une bonne dose d’humour est à mettre au crédit de
ce disque. Sur Tata, guitare hawaïenne, xylophone, clarinette…pour une berceuse qui n’en
finit…qu’après l’apparition soudaine d’une sorte de Klaus Nomi électronique !
Lucien Dubuis a visiblement compris pourquoi il jouait du jazz et c’est évident.
Coup de chapeau, donc, à ce groupe original et à ce superbe disque joyeux et percutant.
N.B.
Entre les morceaux, il y a des petites séquences rigolotes dédiées aux Sumo…