Chronique

Marion Rampal

Oizel

Marion Rampal (voc), Matthis Pascaud (g, elb, kb, perc), Simon Tailleu (b), Raphaël Chassin (dms) + Christophe Panzani (clb), Gaël Rakotondrabe (p), Bertrand Belin (voc), Laura Cahen (voc).

Label / Distribution : Les Rivières Souterraines

Vous aviez aimé Tissé il y a deux ans ? Alors prenez sans attendre votre envol avec Marion Rampal et son Oizel au charme délicat, quatrième album de la Marseillaise paru sur le label Les Rivières Souterraines. Ces disques, qui ont en commun leur producteur et réalisateur Matthis Pascaud, sont frères en séduction : deux bijoux de poésie et d’imagination, dessinant des univers oniriques suggérés aussi bien par le langage singulier et les mots de la chanteuse que par l’impressionnisme des arrangements. Oizel s’inscrit si bien dans la continuité de Tissé qu’on notera que ce dernier se terminait par une chanson dont le titre, « Still a Bird », pourrait faire écho à celui de ce nouveau disque. Autant le dire sans détour : cette promesse d’une musique aérienne est magnifiquement tenue.

Il n’est pas inutile de rappeler que Marion Rampal s’est illustrée par le passé avec Perrine Mansuy, Archie Shepp (qui chantait d’ailleurs sur l’une des compositions de Tissé), Raphaël Imbert, Anne Pacéo ou Sandra Nkaké. Citizen Jazz lui avait consacré sa Une en 2019, à l’occasion de la parution d’un disque en duo avec Pierre-François Blanchard, Le secret. Elle fait partie de ce que, du côté des pays anglo-saxons, on appelle les songwriters : c’est une musicienne subtile, une parolière aussi originale que créative dont le monde aux nuances pastel semble un peu irréel. Il faut tendre l’oreille pour savourer les trouvailles de sa petite fabrique de mots qui semblent surgis d’ailleurs ou venir d’un autre temps (allez savoir s’il s’agit d’avant ou de demain), entre nostalgie et tendresse. Les mots de Marion Rampal, oui, ont leur propre musique, ils sont sa musique. Il y a actuellement très peu d’artistes capables d’un tel accomplissement.

Pour permettre à son Oizel de voler, outre son complice Matthis Pascaud, elle s’est entourée d’une paire d’expérience composée de Simon Tailleu à la contrebasse et Raphaël Chassin à la batterie. On notera la présence sur certains titres de Christophe Panzani à la clarinette basse, de Gaël Rakotondrabe au piano, sans oublier les apparitions de Laura Cahen et Bertrand Belin au chant.

Oizel, c’est un disque de charme, une déclaration d’amour poétique, un objet musical aux couleurs d’une chanson folk éthérée, qui n’appartient qu’à lui-même. C’est une petite bulle de douceur dans un monde de brutes. En quarante minutes amoureusement ciselées, Marion Rampal démontre sa capacité à suspendre le temps et à nous faire rêver. Qu’elle en soit remerciée !