Chronique

Near The Pond

Wild Geese

Josefine Cronholm (voc), Kirk Knuffke (cnt), Thommy Andersson (b), Bent Clausen (d, vib) + Melissa Coleman (cello)

Label / Distribution : Stunt Records

On retrouve Near The Pond et la voix de la Suédoise Josefine Cronholm comme on retrouve un vêtement de laine aux premiers frimas : le timbre diaphane de la chanteuse, presque pastel, a une fonction rassurante et une patine douce dès « If Only », le premier morceau de Wild Geese. Mais Near The Pond a évolué : certes, la magie opère toujours entre Cronholm et le cornet de Kirk Knuffke ; ligne claire contre ligne claire donnent de jolies couleurs rehaussées par la contrebasse de Thommy Andersson, vieux compagnon du soufflant étasunien. C’est le batteur - et vibraphoniste - danois Bent Clausen qui vient élargir un instrumental très complémentaire, ainsi qu’on l’entend sur « Life’s Long Sleep » où Josefine Cronholm chante avec Knuffke, avant que le cornet ne vienne ouvrir le chemin avec une clarté chaleureuse. C’est la couleur d’un album où les cordes s’invitent avec parcimonie.

Cette parcimonie est justement la clé de « Winter Deepens In A Mountain Home » qui est certainement le sommet de cet album. L’alchimie du quartet gagne en intensité, notamment avec le violoncelle de Melissa Coleman, à envisager comme une voix supplémentaire, que le vibraphone souligne particulièrement. La connexion entre Knuffke et Andersson fait le reste, que l’Étasunien soit à la voix ou au cornet, comme c’est le cas également dans « Morning Starts To Melt », où le dialogue secondaire de la contrebasse avec le vibraphone ajoute un velours supplémentaire, duveteux comme une brume. Paradoxalement, alors que tout apparaît d’une simplicité et d’une fluidité rare, on perçoit dans Wild Geese une abstraction qui était moins présente dans le premier album.

Les textes de Wild Geese ont été écrits il y a plus de 900 ans par le poète nippon Saigyō Hōshi, ce qui confère à Near The Pond un goût pour les inspirations et les paysages sauvages tout en nourrissant l’attrait de l’orchestre pour la contemplation. Plus encore que dans le premier album, l’alchimie particulière des voix et la combinaison très douce de Cronholm et Knuffke offrent beaucoup de sérénité.