Quinsin Nachoff

La nouvelle production du saxophoniste pour le label anglais Whirlwind Recordings pousse plus loin encore le travail d’écriture du Canadien, puisque le voilà ici principalement compositeur. Le précédent enregistrement utilisait tous les paramètres de la modernité jazzistique et avait laissé une forte impression ; celui-ci flirte avec une approche plus classique, dans l’instrumentarium notamment.

Concerto de violon et quatuor de cordes sont, en effet, au rendez-vous pour deux longues pièces savamment architecturées. Quinsin Nachoff y fait valoir un talent certain, non seulement dans l’assemblage des timbres, mais également dans les rapports de volume et de confrontation entre une soliste (au violon, Nathalie Bonin affronte l’orchestre avec volontarisme) et une masse orchestrale qui la défie. Couleurs éclatantes et toniques, dynamisme permanent, les pièces jouent des codes de la musique classique avec une véritable assurance et un authentique enthousiasme. On entend ainsi sonner comme un seule entité le Molinari String Quartet qui se déplace du léger au profond en traversant une large gamme d’émotions.

C’est pourtant dans “Pivotal Arc”, qui donne son nom à l’album, que le principe de transversalité est le plus opérant et, partant, le plus réussi. On retrouve le saxophoniste à son instrument, de même que Mark Hélias à la contrebasse, Michael Davidson au vibraphone et Satoshi Takeishi à la batterie. La musique circule entre des atmosphères écrites dans la plus pure élégance classique et les parties percussives qui induisent des développements nouveaux. Les interventions solistes viennent ainsi se loger au creux de ces deux esthétiques qui se rejoignent, naviguant de l’une à l’autre avec évidence et sans souci des frontières. Cette pièce transdisciplinaire, la plus originale et la plus personnelle de Nachoff, participe pleinement à la réussite de ce disque.