William Parker

Avec William Parker, tout commence par une ligne de basse, sombre et profonde, qui donne souvent le ton et la trame d’un morceau, d’un album, d’un concert. C’est encore le cas dans le morceau « Tails of the Peacock » qui ouvre ce double album. Universal Tonality est la captation d’un concert enregistré il y a 20 ans de ça chez Roulette, New York City. L’album sort sur le label de Parker Centering Records. Le contrebassiste est entouré pour l’occasion d’une armada de musiciens incroyables (16 au total) dont beaucoup font toujours partie de sa famille musicale (Joe Morris, Steve Swell, Grachan Moncur Ill, Daniel Carter, Rob Brown, Gerald Cleaver). William Parker leur a donné rendez-vous un soir d’hiver ; la plupart ne se connaisse pas. Parker souhaite mélanger les musiciens, les univers musicaux, les sonorités (plusieurs instruments traditionnels sont utilisés comme le komungo, le chirimia, le koto ou le balafon) pour un moment de communion autour de la musique et des valeurs universelles de liberté, d’amour et de partage. Une sorte d’happening orgiaque dans lequel tout se mélange et s’imbrique en harmonie. Comme souvent chez Parker, la mystique n’est pas loin.

Dans de longues improvisations collectives guidées par une trame dessinée par le contrebassiste, les instruments entrent et sortent au gré des envies. Big band, formules plus restreintes, parties chantées (l’originalité de cet album vient de la présence de la chanteuse Leena Conquest qui tantôt chante, tantôt récite, tantôt interprète les paroles ou les poèmes du contrebassiste), soli, unissons, contre chants, polyrythmies, il y a tout dans la musique de Parker. Tout et bien plus encore. Quelque chose de l’ordre d’une philosophie, d’une religion peut-être. Chez Parker la musique est plus grande que les êtres. Elle s’impose à eux. Les deux pieds dans la pulsation. Et la tête ? Dans les nuages.