Chronique

In Order to Survive

Live / Shapeshifter

William Parker (cb), Rob Brown (as), Cooper-Moore (p), Hamid Drake (dm)

Label / Distribution : AUM Fidelity/Orkhêstra

Fondé en 1993, In Order to Survive est une création de William Parker qui, depuis plus de vingt cinq ans, fait évoluer le line-up de cette formation au gré des enregistrements que compte une discographie peu profuse (seulement quatre disques). Sextet à l’origine, désormais stabilisé en quartet, le groupe voit arriver aujourd’hui le batteur et complice Hamid Drake en lieu et place de Susie Ibarra. De leur côté Rob Brown au saxophone alto et Cooper-Moore au piano sont les piliers inamovibles et les garants d’une esthétique chère au contrebassiste.

Captée en live à Brooklyn en 2017 et s’étendant sur deux disques, la musique ici déployée plonge, en effet, ses racines dans la Grande Musique Afro-Américaine que Parker défend et continue de faire perdurer. Aménagées en longues suites qui atteignent parfois plusieurs dizaines de minutes, les plages présentées s’organisent autour d’un son collectif particulièrement dense au sein duquel chacun développe une voix qui lui est propre. Évoluant ainsi par vagues successives de plus en plus amples, les quatre membres particulièrement investis dans le jeu cherchent à atteindre des effets paroxystiques articulés autour d’un saxophone volubile, d’un piano percussif et d’une batterie au swing hypertrophié. Garante de l’articulation générale, la basse en revanche reste mouvante et avance avec obstination vers les sommets.

Sans chercher la colère ou le chaos, ces modalités de jeu ouvrent la voie à une forme de transcendance plus franchement décelable lorsque que Parker souffle dans un shakuhachi. Convoquant dès lors la culture asiatique et la philosophie qui lui est attachée, la mise en mouvement des vibrations du son a des vertus physiologiques qui conduisent irrémédiablement à un apaisement intérieur. Plus généralement sur l’ensemble du concert, les titres “Eternal Is the Voice of Love”, “Demons Lining the Halls of Justice”, “Eternity” sont la preuve de la quête spirituelle qui anime cette musique bouillonnante et fervente.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 27 octobre 2019
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