Chronique

Andy Emler

No Solo

Andy Emler (p), Naïssam Jalal (vx, fl), Rhoda Scott (vx), Thomas de Pourquery (vx), Phil Reptil (vx), Ballaké Sissoko (kora), Aminata “Nakou” Drame (vx), Claude Tchamitchian (cb), Géraldine Laurent (s), Hervé Fontaine (beat box), Nguyen Lê (g)

Label / Distribution : La Buissonne / Harmonia Mundi

Disque surprenant par son approche, No Solo ajoute une pierre supplémentaire à l’œuvre d’Andy Emler. Débutant par deux compositions au seul piano dans lesquelles il fait valoir son goût pour les couleurs impressionnistes chères à Ravel, Andy Emler ne reste pas longtemps seul même si le dialogue qu’il initie avec ses partenaires de jeu ne se situe pas dans le vif de l’échange en temps réel.

Pour construire son répertoire, le compositeur, instrumentiste et chef d’orchestre (autant de casquettes lui permettant de porter le chapeau) a d’abord écrit et enregistré en solitaire en songeant bien évidemment aux amis musiciens qu’il allait solliciter. Comme une correspondance sonore, des lettres écrites à destination de.

Une fois cela fait, au tour des destinataires de venir poser leur sensibilité sur les propositions d’Emler. Ainsi, la contrebasse de Claude Tchamitchian, la voix de Thomas de Pourquery ou la guitare de Nguyen Lê viennent donner écho, ou plutôt apporter un enrichissement certain aux pièces proposées. Ce sont pourtant les personnalités moins communément entendues dans l’univers du patron du Megaoctet qui apportent des couleurs surprenantes, car nouvelles à l’oreille. La flûte de Naïssam Jalal, la voix d’Aïda Nosrat ou la kora de Ballaké Cissoko sont autant d’ouvertures vers des lointains (orientaux ou africain) qui nous invitent à un cheminement continu.

Car on s’en doute, il ne s’agissait pas de laisser l’idée se transformer en patchwork aux éléments dispersés façon puzzle sans aucun lien entre eux. Bien au contraire, il y a une trame finement tissée qui relie les neuf pièces de ce disque, et qui prend au cœur. Dans cette succession de titres, où chaque intervenant est une rencontre, on entend une lente respiration dans laquelle pointe une mélancolie mesurée qui gonfle lentement, ample et délicate, puis s’achève lorsque se termine ce doux voyage.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 20 septembre 2020
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