Chronique

Torben Snekkestad / Barry Guy

Slip Slide And Collide

Torben Snekkestad (s), Barry Guy (cb)

Label / Distribution : Maya Recordings

Saxophoniste norvégien d’une quarantaine d’années, Torben Snekkestad participe à de multiples aventures musicales aux esthétiques variées. Membre du Copenhague Saxophone Quartet ; soliste pour le Norwegian Radio Orchestra ou l’Athlelas Sinfonietta Copenhagen dans le domaine classique, il s’intéresse également au jazz aux côtés de Trygve Seim (il participe à Different Rivers, ECM, 2001) et s’aventure également sur le territoire des musiques improvisées. C’est là qu’on le retrouve en compagnie d’une des personnalités majeures de la musique européenne, le contrebassiste anglais Barry Guy capable, lui aussi, de travailler dans des contextes entièrement ouverts, comme sur des partitions contemporaines ou baroques.

Cette similitude dans les parcours, doublée d’une parfaite maîtrise technique de leur instrument, leur permet de développer une unité sonore d’une grande pureté où se distingue parfaitement l’intégralité des tessitures de chacune des voix. Cette attention portée à la matière est d’ailleurs le moyen d’en décliner toute les possibilités et de proposer une grande variété de climats, du bruissement au déclenchement du chaos.

Si le saxophone de “Utsira” en introduction rappelle la flûte shakuhachi, soutenu par la contrebasse, la répartition des rôles n’est pourtant à aucun moment convenue : Guy peut tout à fait s’approprier les parties hautes du discours, le saxophoniste trouvera aussitôt à se replacer. Le duo génère ainsi sa propre stimulation dans une démarche démocratique : ils vont de paire, l’un en dessus ou au dessous, en échange vif, opposé ou complémentaire. Une attention particulière est néanmoins toujours accordée à la forme, plutôt concise pour ce genre de performance puisque les morceaux dépassent rarement les cinq minutes, privilégiant ainsi le geste et l’ellipse.

Maya Homburger (violoniste baroque et compagne de Barry Guy) qui signe l’album sur son label Maya Recording, justifie le choix du titre en comparant la confrontation de ces deux personnalités aux glissements et autres collisions que subissent les plaques continentales dans leurs mouvements. Les heurts violents et inéluctables font se dresser les montagnes et se creuser les vallées, de nouveaux paysages jaillissent et font naître de nouvelles terres fertiles. De la musique comme force tellurique.