Coronado, Pasquier & Courty en libre accès
Des musiques à découvrir en deux clics sur les internets
Elodie Pasquier, photo Michaël Parque
L’époque est, à bien des égards, critiquable mais tout n’est pour autant pas à jeter. Quittons les avenues trop fréquentées d’une musique mainstream et cherchons dans les contre-allées des musiques personnelles que les évolutions technologiques permettent aujourd’hui de rendre immédiatement accessibles. Tissant un lien direct entre le musicien et le public, deux propositions parmi d’autres sont à l’écoute : le duo Gilles Coronado / Élodie Pasquier et un solo de contrebasse signé Ronan Courty.
Si le passage en studio est l’occasion de mettre en place un répertoire ambitieux et permet de travailler en profondeur la recherche d’un son, les techniques d’enregistrement actuelles sont le moyen d’envisager la création avec beaucoup plus de spontanéité. Et d’immédiateté dans la diffusion.
En exemple, fruit d’une rencontre entre le guitariste Gilles Coronado, bien connu dans ces colonnes pour ses participations multiples à des projets auquel il apporte la faconde de son verbe guitaristique, et la clarinettiste Élodie Pasquier qui avait séduit avec son premier disque Mona en 2017, le duo Deux places est accessible sur Bandcamp. En seulement cinq plages comme autant de miniatures, les deux musiciens s’amusent, se tournent autour avec complicité. Cinq pièces seulement, en effet, mais c’est bien aussi, ce trop peu. Écrites ou improvisées, elles sonnent comme une “drôle de musique de chambre” (c’est ainsi que le duo la définit) et se situent dans une approche contemporaine qui joue de beaucoup de liberté. Rebonds d’un phrasé à l’autre, entremêlement des voix, grain soigné des instruments, on trouve dans ces savants dosages une joie du jeu. À découvrir.
Le Nantais Ronan Courty , quant à lui, joue dans la formation Cabaret Contemporain. Il propose sur Soundcloud une pièce longue d’une vingtaine de minutes enregistrée dernièrement dans son salon et dans laquelle on entend son goût pour la transe et une sonorité tirée des profondeurs. On découvre ainsi la rugosité des cordes frottées et la sécheresse des coups d’archet. Une technique empruntée au contrebassiste italien Stefano Scodanibbio [1] lui permet de mettre en valeur la résonance de sa basse. Riche d’harmoniques et d’une puissance rentrée, elle fait la valeur de cette pièce.
Fort de son expérience avec No Tongues, avec qui il joue également, il invente une musique imaginaire issue des traditions du monde, une musique transcendantale qui prend au ventre immédiatement et fait un lien entre le corps et l’âme. À travers une évocation des musiques baroques et de leur emblématique viole de gambe, des rythmiques évoquant des percussions archaïques, l’auditeur pénètre un rituel hypnotique qui a la vertu de l’apaisement et de la méditation.