Sylvain Guérineau Jean Rougier

Deux des membres d’un trio à l’époque complété par le batteur Didier Lasserre (en témoigne le disque Cîme sur le label Improvising Beings en 2012) se retrouvent pour une balade au bord du jazz. Le saxophoniste et clarinettiste Sylvain Guérineau et le contrebassiste Jean Rougier, adeptes d’une musique libre, longtemps libertaire, chercheurs infatigables de langages nouveaux (on songe à Aliquid & Quod, pour Guérineau au côté de Jean-Marc Foussat ou Points sans surface de Jean-Luc Guionnet et le UN ensemble pour Jean Rougier) parviennent ici à détourner les attendus en offrant quelques pistes, certainement improvisées, des plus consonantes, à coup sûr, sensibles.

S’inspirant de titres empruntés à Henri Michaux, Natsume Sôseki et Pierre Clastres, les deux musiciens jouent sans enjeu, ne s’enfermant jamais dans des systèmes, se laissant aller, au contraire, à des flâneries qui, sans en avoir la couleur, ont tout de l’âme du blues. Le saxophone chante, pleure parfois, évoquant à certains moments, par ses effets de growl, ceux pratiqués par Archie Shepp tandis que son compagnon de route, en soutien indéfectible, joue de la contrebasse avec félinité et naturel.

Ne cherchez rien d’autre dans cet enregistrement qu’une plaisir accompli de musique qui en fait l’authentique valeur. Il touche au cœur avec une intelligence jamais ostentatoire mais une tendresse accueillante.