Chronique

Erlend Apneseth Trio

Åra

Erlend Apneseth (violon hardanger), Stephan Meidell (elg, electronics), Øyvind Hegg-Lunde (dms)

Label / Distribution : Hubro

Åra en norvégien veut dire « années », c’est le titre du deuxième album du trio que forment le violoniste Erlend Apneseth, Øyvind Hegg-Lunde (percussionniste qui se distingue parallèlement dans Building Instruments) et Stephan Meidell (guitariste remarqué au sein de Cakewalk, et qui a sorti la même année le disque Metrics sous son seul nom).

Peut-être parce qu’il n’est question que de cela, de temps qui passe et que l’on compte. Plus de « temps » sur la partition c’est aussi plus de place. Et c’est là que réside la magie de cet album, cette impression d’espace supplémentaire partout débusqué.

Si l’écoute au casque est parfois conseillée pour les musiques immersives et expérimentales, l’auditeur est ici prié de préférer ses enceintes afin de laisser la possibilité à la musique du trio de s’approprier totalement l’espace physique, de le remplir pour imprégner tous les objets, toutes les surfaces. Pour faire que cette musique devienne concrète. Sans vouloir enfermer Åra dans une catégorie plus complexe que nécessaire, on peut parier que Schaeffer lui-même n’aurait pas renié l’expérience sonore proposée par ce disque, tant ce deuxième album nous emmène loin de la folk attendue de la part d’un joueur de violon hardanger. Field recordings, drones, échos et spatialisation, samples, boîtes à rythmes et objets, cordes acoustiques et amplifiées, tout ici concourt à transformer le studio en salle de jeu !

Poussant les écarts stylistiques et changements d’atmosphère encore plus loin que sur le disque précédent (« Det Andre Rommet »), le trio norvégien passe par exemple, en trois titres, de la promenade pastorale (« Øyster ») aux abysses de l’âme humaine (l’inquiétant « Stryk »,) avant de plonger dans les galeries souterraines du métro (« Undergrunn »). Mieux vaut prendre son souffle avant d’être lâché en plein vol lorsque le son s’arrête, nous laissant ébahis au cœur d’un quasi mystique mystère sonore.