Guy Salamon
Free Hugs
Guy Salamon (d, perc, p, fl), Alistair Payne (tp), Ian Cleaver (tp), José Soares (as), Lucas Martínez (ts), Teis Semey (g), Xavi Torres (p), Brodie Jarvie (b), Teresa Costa (fl), Jesse Schilderink (bs), Youngwoo Lee (synth, Moog).
Label / Distribution : Auto Productions
Voici le troisième album du groupe conduit par Guy Salamon, batteur volubile basé à Amsterdam. L’album ne renie pas la voie balisée dès le superbe Unfollow The Leader en 2019. Une voie qui ne cesse de prendre le large, et ça commence à se voir. Une trajectoire façon boule de flipper, dans le cadre déjà caractéristique de la formation, très élastique, une forme mouvante de polka-blues-jazz-punk-rock-hypersensible, pour faire court.
Le génial Guy Salamon, qui maîtrise le processus de fabrication de ses disques de bout en bout, distille un peu de son génie turbulent dans chaque voix qui compose la conséquente formation. On peut parler de voix, d’un chœur, de musicien·ne·s qui se permettent toutes les digressions sans lâcher le fil mélodique ténu duquel part toute composition. Les morceaux sont portés par une section de soufflant·e·s qui se pose là (deux trompettes, deux flûtes, trois saxophones). La musique, joyeuse, mélancolique, se veut simple mais se garde de tout simplisme, avec des orchestrations élevées, riches, posées sur des structures rythmiques qui filent tout droit jusqu’au pas de côté malicieux. On sent une envie frénétique de s’amuser, de laisser libre cours aux émotions, le tout sans coulures.
L’ensemble qui est réuni autour de Guy Salamon n’est que partiellement inconnu. On y entend Xavi Torres, le pianiste à la discographie volumineuse, qu’on a pu écouter aux côtés de Michel Zenón notamment, qui prend littéralement la main sur le titre « Song For Lail ». Ou Lucas Martínez, saxophoniste ténor prolifique, et Teis Semey, guitariste « aussi sympa que sa musique » d’après le Périscope de Lyon qui l’accueillit avec son quintet en décembre 2022. On peut citer les très prometteurs trompettistes Ian Cleaver et Alistair Payne, et le saxophoniste alto José Soares. Et on n’oubliera pas le binôme de Guy Salamon, celui qui complète la section rythmique sur chacun des albums du batteur et qui à son tour, ne s’en sépare pas dans son projet Fine Men With Foul Tongues, le tout aussi génial contrebassiste écossais Brodie Jarvie.
La sincérité transparaît dans la démarche de cette compagnie musicale aux accents circassiens, qui sait tout faire, et qui, avec Free Hugs, pourrait légitimement prétendre installer son chapiteau au-delà des frontières des seuls Pays-Bas. Et ce serait heureux.