Chronique

Skarbø Skulekorps

Skarbø Skulekorps

Signe Emmeluth : asax, elec ; Eirik Hegdal : sax, clar ; Stian Omenås : tr ; Anja Lauvdal : org, synth ; Johan Lindström : g ; Chris Holm : b, synth ; Øyvind Skarbø : d, perc, vibra, bjo

Label / Distribution : Hubro

Quoi de mieux, pour présenter la scène norvégienne inventive actuelle, qu’une châsse sacrée portée par un aréopage en habit de velours, dorures tressées, calots assortis et étendard élevé ?
Voici qu’avance le Skarbø Skulekorps.
Ce septet réunit par Øyvind Skarbø, le batteur norvégien qui a tenu les baguettes pendant plus de dix ans dans le trio 1982 ainsi que dans Bly de Blyant, joue sur tous les tableaux.
Visuel et scénique, car ses membres revêtent donc l’uniforme bleu de cette fausse fanfare scolaire (skulekorps) comme on en trouve en Norvège, ce qui sur scène montre l’esprit de cohésion d’une part et de dérision d’une autre. [1]
Musical aussi, car en réunissant la fine fleur de la musique créative, il s’entoure ainsi de personnalités contrastées et aux habiletés musicales complémentaires.
Le credo du groupe : jouer tout ce qui leur passe par la tête, sans aucune question.
Que ce soit un disque Hubro, un label de jazz et musiques improvisées importe peu. Dans ce disque, déjà acclamé et unanimement reconnu par les médias européens, tout y passe. La liste des styles évoqués ne tiendrait pas dans cette chronique, aussi insistons plutôt sur les musicien.ne.s.
Le saxophoniste et clarinettiste Eirik Hegdal vient du Trondheim Orchestra, de Angle 9, de Musical Balloon. A ses côtés l’altiste danoise vivant en Norvège, Signe Emmeluth, est à la tête de son groupe Amoeba. Stian Omenås à la trompette est le leader de Klangkammer et Parallax. Aux claviers, c’est la pianiste des groupes Moskus et Skadedyr, Anja Lauvdal. Le guitariste Johan Lindström s’illustre dans le groupe TonBruket. Le bassiste Chris Holm est membre du trio Orions Belte. On retrouve donc là une bonne partie du catalogue Hubro, mais pas seulement.

C’est surtout l’incroyable vitalité et décontraction des musiques qui réjouit. Même si l’album est découpé en différents titres, l’ensemble s’écoute comme une série de petites pastilles musicales, toutes différentes, qui s’enchaînent souvent sans transition, passant d’ambiances très Lo-Fi à des modules très écrits et orchestraux. L’art du stop and go, du swipe…

On y chante des airs pop, on y joue du banjo, on y distille de l’électronique et des samples de discours, c’est foutraque et universel. Et la musique est si diversifiée et si pétillante que le disque peut s’écouter en boucle, on s’en rend à peine compte et ça n’arrive pas souvent.

par Matthieu Jouan // Publié le 12 janvier 2020
P.-S. :

[1Même s’il fait très chaud dans cette tenue, me confiait Signe Emmeluth.