Chronique

LEF

Hypersomniac

Lorenzo Esposito Fornasari (voc), Bill Laswell (b), Rebecca Sneddon (saxes), Eivind Aarset (g), Nils Petter Molvaer (tp), Kenneth Kapstad (dms), Stale Storlokken (org).

Label / Distribution : RareNoise Records

Lorenzo Esposito Fornasari (LEF) est tout sauf une rareté sur le label RareNoiseRecords, où il a déjà participé, au sein de Costituto, Somma, Obake, Berserk ! ou Owls à de mémorables rencontres avec Hamid Drake, Jamie Saft, Nils Petter Molvær, et bien d’autres.

Hypersomniac constitue cependant son projet le plus personnel mais aussi le plus ambitieux, nécessitant de multiples collaborations pour voir le jour. Car la musique illustre des images, et le tout est une fiction écrite par LEF, mise en dessins par Nanà Oktopus Dalla Porta, sous forme d’un comic book de 8 épisodes.

L’histoire se déroule en 2030 : les crises économiques qui se sont succédé ont plongé le monde dans un chaos général. Gouvernée par les classes supérieures, l’humanité est en proie à une violence quotidienne à laquelle des scientifiques opposent une méthode qui a recours au virtuel. Le but est de reconditionner les êtres à l’aide d’une puce électronique implantée dans les cerveaux. L’immatériel devient plus vrai que nature et dépasse le réel en offrant l’illusion d’une vie parfaite, et permet progressivement de contrôler les individus.

Pour cette œuvre de science fiction dont la bande-son reste le centre, le choix des musiciens n’était pas secondaire. Afin d’arriver au son qu’il cherchait, LEF a recruté d’anciennes connaissances, dont 4 norvégiens, le guitariste Eivind Aarset, le trompettiste Nils Petter Molvaer, le batteur Kenneth Kapstad (ex-Motorpsycho) et l’organiste Stale Storlokken (de Supersilient, Mortorpsycho et Reflections in Cosmos). Ajoutant le bassiste américain Bill Laswell et la saxophoniste britannique Rebecca Sneddon (de Free Nelson Mandoomjazz), le groupe signe un concept album qui n’est pas sans rappeler les grands opéra-rock des seventies, façon Matrix.

Hypersomniac est de ces disques qui demandent une immersion totale pour être mieux saisis. La production musicale à elle seule est conséquente, riche et multiple, mais ne constitue pourtant qu’une part de l’œuvre. Fruit d’un travail collectif autour d’un leader génial, la performance est colossale et mérite attention.