Chronique

OXYD

Lapse

Alexandre Herer (kb), Olivier Laisney (tr), Julien Pontvianne (ts), Olivier Degabriele (eb), Thibault Perriard (dm).

Label / Distribution : Onze heures onze

Stabilisée autour du même line-up depuis plus de dix ans, mais comptant vingt ans d’activité dans la recherche de sonorités nouvelles, la formation OXYD propose un nouvel enregistrement qui se place bien évidemment dans le prolongement des précédents, tout en offrant dans le même temps une ouverture supplémentaire.

S’appuyant sur le piano Rhodes d’Alexandre Herer qui donne au groupe une couleur unique grâce à un clavier à la fois métallique et vaporeux, la musique trouve sa dynamique autour de la paire saxophone/trompette (Julien Pontvianne/Olivier Laisney), soudée comme toujours, et qui parvient à édifier une identité forte, homogène et pour tout dire indissociable, un peu comme le recto l’est du verso. Bien sûr, les échappées de l’un ou l’autre sont notables et la maîtrise instrumentale est l’occasion d’entendre des articulations soignées et un déroulé narratif précis qui contribuent à l’efficacité collective.

La paire rythmique Olivier Degabriele / Thibault Perriard, de son côté, elle aussi très ramassée, précise et sans concession, affirme avec volontarisme une pulsation parfois complexe. Elle met en avant un répertoire qui cherche à projeter un son multiforme ou bien à se gonfler d’une densité resserrée, résultat d’un processus chimique empruntant à la frontalité du rock complétée par des textures soignées venues d’ailleurs, mises au service de compositions non convenues dans leur déroulé.

Ainsi moins atmosphérique que sur le précédent (et déjà réussi) The Lost Animals, Lapse trouve un équilibre qui oscille entre une forme de sidération et une avancée inexorable. Surtout - et c’est là l’originalité de ce programme -, dans les soubassements des morceaux, jamais pleinement affirmée pour mieux la suggérer, on sent poindre une sensibilité moins abstraite. Un sentimentalisme qui n’est pas un défaut, mais bien plutôt l’expression d’un groupe fort d’un vécu et revenu de la radicalité des débuts pour se laisser aller à une délicatesse onirique.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 6 octobre 2024
P.-S. :