Chronique

Paul Lay

Alcazar Memories

Paul Lay (p, comp), Isabel Sõrling (voc), Simon Tailleu (b)

Label / Distribution : Laborie Jazz

Quand vous aurez écouté deux ou trois fois « Blue Roses », cette délicieuse mélodie vous poursuivra avec obstination. Cependant que vous poursuivrez l’écoute de ce CD enchanteur, qui vous fera traverser, sous couvert de mémoires marseillais, une bonne partie de l’Europe, par la grâce combinée de Paul Lay, qui signe nombre de musiques (à part les reprises de Vincent Scotto, « Adieu Venise Provençale », un régal, et celles de Waldteufel ou George Gershwin), et d’Isabel Sörling qui signe les textes, exceptés en gros les mêmes ! Simon Tailleu ajoute exactement ce qu’il faut de pulsations dansantes à ce beau récital.

Mais je veux souligner que si ce charme opère (au moins sur moi), c’est qu’il me renvoie à deux ou trois « chocs » et autres élections de mon parcours musical. Bill Carrothers (je pense souvent à lui quand j’écoute Paul Lay) a, lui aussi, laissé des disques de mémoire, et il a même deux ou trois fois convié son épouse Peg Carrothers, dont la voix n’est pas (encore pour moi) sans évoquer celle d’Isabel. Il faudrait dire l’inverse, certes. Mais c’est la même force sous la fragilité apparente, le même cristal, la même pénétration, les mêmes ascensions aériennes, le même discernement dans l’élocution. Un somptueux récital, qui devrait ravir les auditeurs les 6 et 7 avril à Guebwilller, et cet été à Cluny.