Capucine Ollivier
Le soleil est une île
Capucine Olivier (voc), Alain Soler (g, elp, synth), Antony Soler (dm, perc), Pierre Fénichel (b), Laurent David (elb), Lionel d’Hauenens (elb), Julien Layani (p), Julien Labergerie (sax, cl)
Label / Distribution : Label Durance / UVM Distribution
Prenez un duduk, des saxophones, un quatuor à cordes, un multi-instrumentiste (Alain Soler à la manœuvre), deux bassistes électriques et un contrebassiste, un batteur, un accordéoniste/bandonéiste, un pianiste… secouez le tout dans une conception planétaire et, surtout, saupoudrez d’une voix narquoise et limpide, à la justesse et au time confondants, tant dans l’interprétation de textes originaux que dans les scats.
La recette de ce petit bijou concocté pour l’essentiel en Haute-Provence mais aussi pour partie à New-York (le quatuor à cordes) et à Paris, en passant par l’Isère, serait incomplète si l’on ignorait les ingrédients émotionnels. Douce mélancolie et joie de vivre (ne serait-ce pas du blues ?) s’entrechoquent dans des compositions swing, groove et même pop du meilleur aloi. L’ombre de Bill Evans plane même sur ce disque avec un soupçon de soul par la grâce des tutti de cuivres.
Un extrême soin est apporté aux paroles – du poète Michel Ivonio - et à leur interprétation par Capucine Ollivier, d’une musicalité absolue, entre surréalisme écolo (le titre éponyme) et manifeste poétique (« Louise », sur Louise Michel, une évidence de la part de cette bande de libertaires, avec un beau solo de sax du paysan jazzman Pierre Pettinaroli), ou jazzistique (« Pour Bill »). Des versions surprenantes des « Marquises » de Brel ainsi que de « Oncle Archibald » de Brassens symbolisent le profond désir de liberté du collectif. Le chant, combinant maturité musicale et naïveté enfantine non feinte, s’accorde avec une architecture mélodique et harmonique où la subtilité le dispute à l’évidence. Un trop rare cadeau, débordant d’humanité émancipée.