Chronique

Emile Parisien sextet

Louise

Emile Parisien (ss), Theo Croker (tp), Roberto Negro (p), Manu Codjia (g), Joe Martin (b), Nasheet Waits (d)

Label / Distribution : ACT

Depuis de nombreuses années il y a un phénomène Émile Parisien et rien ne vient démentir ce constat. Tout ce que touche le saxophoniste devient si ce n’est de l’or, du moins des musiques qui laissent systématiquement baba. Quand bien même on serait un habitué de ce sax soprano pas comme les autres, on écarquille des yeux grands comme ça chaque fois qu’on prête ses oreilles à cet immense musicien. Joachim Kühn, il y a quelques années de ça, ne s’y était pas trompé en déclarant vouloir expressément travailler avec lui.

Le dernier-né d’Émile Parisien, est, sans surprise donc, du meilleur des tonneaux et la fébrilité qui guette le mélomane qui appuie sur le player ne perd pas en intensité au gré des neuf morceaux qui filent d’un bout à l’autre de ce disque merveilleux. On y retrouve dès les premières mesures le son et le phrasé caractéristiques de Parisien et avec eux la douleur, la désolation, l’extase, le ravissement. Car Émile Parisien a le chic et le don d’exacerber avec génie ce qui émeut et transporte, tant à travers ses propres compositions – cinq sur cet album – qu’au travers les revisites qu’il propose, « Madagascar » de Joe Zawinul par exemple ici.

Pour ce disque qui évoque le travail de Louise Bourgeois, Emile Parisien s’est entouré de Roberto Negro et Manu Codjia qui partagent son aventure musicale et discographique depuis plusieurs années, ainsi qu’un trio américain d’une très grande envergure. L’envergure, justement, ne serait-ce pas le terme idoine pour résumer celle musique, si tant est qu’elle puisse faire l’objet d’une synthèse ?