Chronique

Eric Séva

Mother of Pearl

Eric Séva (ss, bs), Daniel Mille (acc), Alfio Origlio (p, Fender Rhodes), Christophe Wallemme (cb), Zaza Desiderio (d)

Label / Distribution : Autoproduction

C’est toujours avec beaucoup de plaisir qu’on glisse un album d’Eric Séva dans sa playlist. Car si le saxophoniste est un musicien discret, rarement sur le devant de la scène médiatique, ses albums, depuis Folklores imaginaires, sont de belle facture. Pour celui-ci, joliment intitulé Mother of Pearl, si on devait remonter la filiation, c’est du côté d’Espaces croisés qu’il faudrait lorgner. Cela tient bien sûr en premier lieu à l’orchestration puisqu’on trouve dans l’un et l’autre l’accordéon qui chemine avec le saxophone. Lionel Suarez dans le premier, Daniel Mille dans celui-ci et si Christophe Wallemme est à la contrebasse dans Mother of Pearl tandis qu’Espaces croisés était configuré sans basse ou contrebasse, fondamentalement c’est bien ce va-et-vient entre l’accordéon et le saxophone qui constitue le paradigme des deux disques. D’ailleurs les perles dont il est question dans le titre rappellent leurs touches nacrées et l’inspiration a été directement en prise avec Summit d’Astor Piazzolla et Gerry Mulligan.

Aussi ne sera-ton pas étonné que les deux instruments – à l’exception de « The Oak’s Song » qui est un solo au saxophone baryton – se jaugent, se regardent, s’esquivent ou encore s’embrassent lorsque leurs jeux sont à l’unisson. Un jeu d’imbrication et d’engrenage en somme, mené par d’excellents mélodistes. Bien entendu ni Alfio Origlio ni Christophe Wallemme ne sont relégués aux arrière-postes, comme en témoigne leur position à la proue dans « La Cordillère des anches » et dans « Summit, Close Your Eyes And Listen » pour ne citer que ces morceaux-là.