Chronique

Jacques Schwarz-Bart

Soné Ka-la 2 : Odyssey

Jacques Schwarz-Bart (ts), Grégory Privat (p), Reggie Washington (b), Arnaud Dolmen (dm), Sonny Troupé (perc), Malika Tirolien (voc)

Label / Distribution : Enja Records

Retour gagnant à la tradition gwoka de son enfance pour l’un des sax ténors les plus en vue de la planète. De fait, ce n’est pas parce qu’il enseigne à la prestigieuse Berklee de Boston que Jacques Schwarz-Bart oublie l’univers musical de son enfance guadeloupéenne. Désormais classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO comme élément de l’identité de la France, le tambour, joué ici de main de maître par Sonny Troupé, n’en reste pas moins un puissant vecteur revendicatif de l’émancipation de peuples dont les ancêtres subirent l’esclavage.

En le faisant dialoguer avec la batterie somptueuse d’Arnaud Dolmen, le leader fait explorer à son groupe des chemins de liberté aux saveurs créoles résolument contemporaines. Il joue aussi sur les contrastes acoustique/électrique du piano et de la basse, alliant le piano avec la basse électrique, le clavier avec la contrebasse : Grégory Privat et Reggie Washington (un vieux complice de l’époque du RH Factor du regretté Roy Hargrove) font des merveilles !

Au saxophone, il démultiplie ses interventions sonores par l’utilisation raisonnée de pédales d’effets. Plus encore, la complémentarité de l’instrument avec la voix parfaite de la chanteuse Malika Tirolien est l’une des pièces maîtresses de l’album : pour conter cette Odyssée, qui relève autant du récit d’Homère que de la funeste traite et des mouvements de libération qui s’ensuivirent, le récit devait se faire d’autant plus chantant. Et, bien évidemment, poétique (sa mère, Simone, immense poétesse, déclame un de ses textes). Sans oublier quelque paraphrase du « Pent-Up House » de Sonny Rollins, histoire de rappeler que le jazz aussi est une Odyssée…