Chronique

Mark Dresser Seven

Sedimental you

Nicole Mitchell (sfl, afl)), Marty Ehrlich (cl, bcl), David Morales Boroff (vln), Michael Dessen (tb), Joshua White (p), Jim Black (dm, perc), Mark Dresser (b)

Label / Distribution : Clean Feed

Mark Dresser fait partie de la caste des contrebassistes chercheurs. Loin de n’être qu’un élément pulsatile au sein de ses formations, il s’affranchit de ce rôle stéréotypé pour fourrager du côté des musiques libres et expérimentales. Ses collaborations parlent pour lui. Longtemps partenaire d’Anthony Braxton au sein de son quartet (avec Marylin Crispell et Gerry Hemingway), il a joué avec des musiciens aux personnalités fortes [1].

En tant que leader, il a enregistré nombre d’albums dans des configurations orchestrales très différentes. Recherches formelles sur l’architecture des morceaux, finesse et ambiguïté des compositions, alternance des parties écrites et improvisées, liberté des solistes, travail sur les assemblages de timbres sont des éléments constitutifs de la musique de Dresser.

On retrouve ces différents aspects dans son Sedimental You sorti au début de l’année. Il y ajoute une certaine légèreté, liée sans doute à la composition de son septet et aux dynamiques à l’œuvre en son sein. Le mariage entre les flûtes de Nicole Mitchell, les clarinettes de Marty Ehrlich et le violon de David Morales Boroff fonctionne à plein. Chacun est tour à tour langoureux ou strident, rageur ou apaisé, tendre ou coriace. Le trombone de Michael Dessen et le piano de Joshua White apportent beaucoup de profondeur et de rythme à l’ensemble. Quant à la paire Jim Black/Mark Dresser, elle tisse un canevas fluide et distendu qui soutient la structure tout entière de la musique du leader.

Élégance et fraîcheur, esprit et ambition, contraste et liberté. Ces quelques mots définissent l’engagement musical de Mark Dresser à la croisée des chemins du jazz, du free et de la musique de chambre.

par Julien Aunos // Publié le 26 mars 2017

[1Tim Berne, Dave Douglas, Henry Threadgill, John Zorn, Steve Lehman ou Myra Melford pour n’en citer que quelques-uns.