Chronique

Rob Mazurek Exploding Star Orchestra

Lightning Dreamers

Rob Mazurek (tp), Jeff Parker (eg), Craig Taborn (clavier), Angelica Sanchez (claviers), Damon Locks vx, electronics), Gerald Cleaver (dms), Mauricio Takara (dms), Nicole Mitchell (fl, vx), jaimie branch (tp), Tomeka Reid (vlcl), Thomas Roher (), Ingebrigt Håker Flaten (bass), Julien Desprez (g), Pasquale Mirra (vibraphone), Mikel Patrick Avery (dms), Chad Taylor (dms).

Label / Distribution : International Anthem

Huitième disque de l’Exploding Star Orchestra du Chicagoan Rob Mazurek qui, après le notable Dimensional Stardust, renoue avec ce qui constitue les fondamentaux du groupe. Le trompettiste réunit une fois de plus quelques-unes des personnalités créatives états-uniennes qui forment son entourage régulier (Jeff Parker, Craig Taborn, Gerald Cleaver, Nicole Mitchell). La formation évolue toutefois selon les pistes de cinq à seize musiciens, ces variations de line-up apportant évidemment du contraste à l’ensemble du répertoire. Principalement enregistré aux États-Unis en 2021, le programme est complété par deux extraits d’un concert donné à Sons d’Hiver en 2022 (où l’on retrouve Tomeka Reid, Thomas Roher, Ingebrigt Håker Flaten, Julien Desprez, Pasquale Mirra, Angelica Sanchez, Damon Locks, Mikel Patrick Avery, Chad Taylor, and Mauricio Takara). L’occasion aussi de réentendre, même si son instrument se fond dans l’ensemble, jaimie branch, décédée l’année dernière quelques mois après, de qui Mazurek était proche. Le disque lui est dédié.

Si Future Shaman, le très réussi titre d’ouverture, est une mécanique de précision au groove impeccable dans lequel on entend un post-funk minimaliste (il a, d’ailleurs, été remixé et acquiert ainsi une dimension de danse cérébrale d’où se détachent des claviers instables et une guitare électrique hiératique qui griffe le son), le reste des pistes est dans la continuité des précédentes productions de l’Exploding Star Orchestra : un halo de son qui baigne dans les nappes de vibraphones spectraux et des liserés de Wurlitzer et autre Moog translucides. Aucune individualité ne se distingue mais des éclairages éphémères permettent de les percevoir lorsqu’elles choisissent de se mettre subrepticement en avant.

Car cette musique organique joue bien évidemment de l’improvisation et de l’apport autonome des musiciens à l’œuvre commune. Pour autant, les compositions charpentent le récit et la direction de Mazurek en fait un programme puissant qui ne verse pas dans le lénifiant mais dans une musique magnétique dont on ne parvient pas à détourner le regard malgré une forme sinueuse. Les interventions en spoken word de Damon Locks [1] apportent un supplément d’incarnation et une dimension urbaine qui rehaussent l’ensemble.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 30 avril 2023
P.-S. :

[1Pour le découvrir, écoutez son Now au côté de Black Monument Ensemble paru chez International Anthems en 2020.