Maxence Ravelomanantsoa à Jazz à l’étage
Le jeune saxophoniste breton accueille la pianiste canadienne Émie R. Roussel
Photo © J.-F. Picaut
Maxence Ravelomantsoa (ts), bénéficiaire l’an passé de l’opération Fresh Sound de Jazz à l’Étage, se produit cette année avec Émie R. Roussel (p), dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut français et Jazz en rafale (Montréal)
Fresh Sound est une action que Jazz à L’Etage a mise en place en 2013, avec le soutien de la Région Bretagne. Elle consiste à accompagner un jeune talent breton en lui proposant un temps de résidence de création, une diffusion et des outils en vue de le soutenir dans son développement de carrière. Il a aussi le privilège de se produire en première partie du grand concert de clôture. L’an passé, Maxence Ravelomanantsoa a ainsi eu la chance de jouer avant le mythique Spring Quartet (DeJohnette/Lovano/Spalding/Genovese).
Le jeune saxophoniste ténor (25 ans) est apparu sur la scène bretonne avec son groupe ESP+ 2010. Depuis, on l’a entendu en co-leader de BZH Crew avec Malo Mazurié. Il joue aussi au sein du PJ5 de Paul Jarret, qui a remporté le prix de groupe et le prix de composition au concours de La Défense en 2012. Dans le Maxence Ravelomanantsoa quartet, constitué l’an passé, il est entouré de Matyas Szandai (b) et Ariel Tessier (dm). Son frère, Édouard Ravelomanantsoa est remplacé ce soir au piano par Émie R. Roussel.
Cette pianiste, en pleine ascension en dépit de son jeune âge, a été nommée Révélation Radio-Canada Jazz 2014-15, et a remporté le Prix Coup de Cœur du public au Festi Jazz international 2013 de Rimouski. Son album Transit a été élu Disque Jazz de l’année aux Prix Opus 2013-14. Et son troisième disque, Quantum, à peine sorti chez Effendi Records, séduit déjà la critique et le public.
Le concert commence avec « Dance with the Unborns », une composition de Maxence Ravelomanantsoa. D’entrée de jeu, on est saisi par l’ampleur et la chaleur du saxophone ténor. Émie Roussel et Ariel Tessier tissent un joli climat autour du soliste. « Snooze » (É. Roussel) lui succède, et le programme alternera ainsi l’une et l’autre. Ce titre est une première illustration des qualités de mélodiste et de rythmicienne d’Émie Roussel, bien accompagnée par la contrebasse de Matyas Szandai.
« Childhood », une ballade du saxophoniste, sera le plus grand succès de la soirée. On est surpris d’entendre une telle profondeur chez un musicien aussi jeune. Et il faudrait être bien insensible pour ne pas se laisser toucher par la douceur poignante du dialogue entre le piano et le saxophone, par moments renforcée par l’archet de Szandai et délicatement ponctuée par Tessier. Le contraste est saisissant avec « Funambule » (É. Roussel) qui lui succède. Ici, la vélocité de la pianiste confine à la virtuosité, entraînant le contrebasse et la batterie dans une sorte de vertige avant l’entrée du saxophone, qui amène le retour de la tranquillité. « Club » (É. Roussel) est une pièce plus légère. Il faut dire que, selon son auteur, c’est un hommage au club sandwich, symbole de la décontraction qui préside aux pauses pendant les séances de travail…
On s’achemine ainsi, de morceaux fiévreux en ballades sensibles, vers la fin d’un concert qui aura assis auprès du public breton la réputation de Maxence Ravelomanantsoa comme compositeur et interprète. Les spectateurs auront aussi découvert, avec Émie R. Roussel, le grand talent d’une « cousine » venue du Québec cher aux Malouins.