Chronique

Mirifique Orchestra

Verdi Remix

Thomas Saulet (fl), Nicolas Fargeix (cl), Alban Darche (as), Emmanuel Bénèche (cor), Pierre-Yves Le Masne (cor), Hervé Michelet (tp), Matthias Quilbault (tub), Alexis Thérain (elg), Meivelyan Jacquot (d).

Label / Distribution : Pépin & plume

Commençons par un avertissement : si la connaissance de l’œuvre de Giuseppe Verdi est un indéniable atout pour celui ou celle qui voudra savourer Verdi Remix, les autres pourront néanmoins se plonger sans réserve et avec délectation à la découverte d’une transfiguration réellement ludique (et virtuose, soit dit en passant). Celle qui propose un passage en revue de quelques « grands airs » tels que « Messa da Requiem : Dies Irae », « La forza del destino », « La marche triomphale d’Aïda » ou encore « Va Pensiero ».

Il est vrai qu’avec Alban Darche, on n’en est plus à une surprise près. Le saxophoniste, musicien protéiforme, nous a habitués à ne jamais être là où on pense qu’il sera. Entre Cube (plus ou moins Gros, quand il n’est pas Hyprcub ou Orphicube) et Mirifique Orchestra (pour des déclarations d’amour façon Oh ! My Love), volontiers Pacific ou Dandy Dandie, quand il ne chante pas des Mots bleus ou ne cherche pas un Vert émeraude, et jamais à un Paradigme près, il y a de quoi satisfaire les appétits de musique les plus insatiables. Et encore, cette liste est très partielle. Les plus pressés pourront toujours recourir à une Diagonale.

Avec Verdi Remix, Alban Darche pousse allègrement la porte d’une nouvelle histoire, qu’il courtise et fait sienne sans qu’on y trouve jamais à redire. Tout cela semble si naturel… En musicien de jazz libre de sortir d’un cadre qui n’est jamais contrainte, il fusionne la trame de quelques points saillants de l’œuvre du Maître avec des compositions originales d’esprit connexe et des moments d’improvisation. On le retrouve ici à la tête de son Mirifique Orchestra, en association avec le corniste Emmanuel Bénèche et une palanquée de musiciens dont la plupart sont des soufflants. Pas vraiment un big band, plutôt un super orchestre de kiosque qui viendrait défiler sur « une place de village écrasée de soleil ». Une fanfare luxuriante, joyeuse et gourmande de ces « grands airs » qu’elle ne se donne pas elle-même. De quoi penser en tous cas que Verdi afficherait un sourire de contentement à l’écoute de sa musique parée de ces nuances inédites, sinon inouïes.

Et comme il est écrit sur le livret du disque : « Le son de l’orchestre n’est pas tout à fait le même, les couleurs sont différentes, les rythmes ont un peu changé, il se passe quelque chose… ». C’est exactement ça en effet : il se passe quelque chose. Les images défilent selon des rythmes variables, souvent teintées d’une pointe de nostalgie du fait de leur couleur qu’on imagine sépia. Comme toujours chez Alban Darche, il est question d’amour, de joies et de peines. De vie, donc. Riche programme que celui de ce si attachant Verdi Remix.

par Denis Desassis // Publié le 20 octobre 2024
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