Chronique

TAU 5

Kreise

Philipp Gropper (sax), Philip Zoubek (synth), Petter Eldh (b), Moritz Baumgärtner (d), Ludwig Wandinger (mix)

Label / Distribution : Fun In The Church

Si l’on cherche une représentation graphique de la scène berlinoise de musique improvisée actuelle, on peut visionner et écouter TAU 5, c’est un bon condensé.

TAU 5 est le nom d’un groupe qui comprend le quartet de musiciens berlinois Philipp Gropper au saxophone, Philip Zoubek aux synthés, Petter Eldh à la contrebasse et Moritz Baumgärtner à la batterie. Ce sont eux qui ont composé et enregistré ces 13 pistes en 2015 puis 2017. On avait déjà la structure de ce son caractéristique : une batterie très sèche, binaire et très énergique, pleine de cliquetis et de claquements, une contrebasse ronde et véloce, qui pulse comme une artère, des nappes de synthés et des impulsions électroniques qui enrobent ou déchirent la structure musicale et un saxophone ténor coupant et saturé qui strie les compositions. Puis soudain, tout l’inverse. Un morceau dans lequel le temps est suspendu, où quelques sonorités chaudes surnagent. Les couleurs changent vite. On a l’impression que la musique vient d’ailleurs et c’est normal. La cinquième personne, Ludwig Wandinger, a pris les bandes enregistrées et les a mixées, malaxées, transformant les compositions d’origine et en créant de nouvelles. Ce travail complémentaire assure à cette musique une couleur et une identité unique, impossible à imiter, ce qui la rend d’autant plus attirante et mystérieuse, mais qui peut se jouer sur scène, le mix se faisant en direct.

Les musiciens de TAU sont aujourd’hui au centre de cette scène prolixe et qui irrigue une partie des projets d’envergure européens et leur approche est globale. En plus de la musique dont le travail de mixage a demandé des années, ils proposent aussi des clips réalisés par la vidéaste Louise Boer (qui travaille notamment avec Otis Sandsjö et Dan Nicholls) et le label Fun In The Church édite ce projet en double maxi 45T, à la pochette psyché signée Markus S Fiedler. Un travail collectif donc, à l’image de leur ville, pour une musique moderne et instable, prête à toute explosion, indomptable et quelque peu hypnotisante.