Quartet un peu Tendre
Sophie Agnel (p), Kristoff K. Roll (disp électro-acoustique), Daunik Lazro (bs).
Label / Distribution : Fou Records
Le bourdonnement émis par le saxophone baryton défie les tumultes vocaux générés par les dispositifs électro-acoustiques. Tendre ou détendre, comme s’il s’agissait de régler la peau d’une timbale, ici Daunik Lazro diffuse ses phrasés accolés au hurlements produits par les machines. « Au départ c’est une photo », enregistré au Carreau du Temple à Paris pour l’émission À l’improviste d’Anne Montaron se dévoile et donne à entendre des synchronisations éphémères entre Carole Rieussec et J-Kristoff Camps. Seules les manipulations des cordes du piano par Sophie Agnel déploient des cellules rythmiques qui tendent à souligner les timbres préexistants. L’échantillonnage génère là des vocaux enfantins accolés à une implosion sonore dynamique, par la suite la rapidité avec laquelle les déversements s’exécutent avec les effets électroniques étonnent.
Différents passages entre des spirales aériennes et une profondeur spectrale annoncent splendidement le phrasé de Daunik Lazro, l’artefact conjugué entre les musicien·ne·s prend corps. Le lien commun qui se dessine entre les notes égrenées par la pianiste et le chant altéré du saxophoniste aboutissent à l’exaltation de cette expérimentation.
De nombreux signaux émis par les dispositifs électro-acoustiques forment des interactions fébriles. La montée en puissance se veut progressive, permettant au piano de répandre quelques notes. La dislocation d’une jungle sonore se déverse par l’intermédiaire de l’assemblage électronique dans la partition de « L’hiver sera chaud », enregistré à Saint-Nazaire à l’invitation de Brigitte Lallier-Maisonneuve. La pièce, mue à 21 minutes par l’expressivité du saxophone lancinant et l’interactivité entre les instrumentistes, s’énonce plus fortement avec une libération spontanée à 29 minutes.
Les différents schémas sonores diffusés dans ces deux enregistrements distincts, à la fois composés et improvisés par le quartet, donnent naissance à d’intenses transformations de matériaux et à une expressivité fusionnelle délectable.