Chronique

Steve Lacy Four

Morning Joy... Paris Live

Steve Lacy (ss) ; Steve Potts (saxes) ; Jean-Jacques Avenel (b) ; Oliver Johnson (dm)

Label / Distribution : Hatology / Harmonia Mundi

Hat Hut, maison dont fut ici célébrée et justifiée la fameuse réputation, nous offre donc la réédition d’un live du monument Steve Lacy, capté dans la salle parisienne du Sunset en février 1986, et sorti une première fois en 1989.
Au pressage original a été ajoutée une reprise (« Work ») d’un morceau de Monk, nous donnant sur le disque un total d’un tiers de morceaux écrits par l’ami Thelonious pour deux tiers de compositions personnelles ; l’ensemble porté par un quartet – le Four – de belle allure.

Près de trente années n’ont pas émoussé la complexité à la fois mouvementée et limpide propre à Steve Lacy, ici dans une ligne peut-être plus claire que d’habitude, sans doute pour que les angles (plus aigus, plus apparents) mettent en valeur les beautés bancales - belles parce que bancales - dont fit preuve le grand ancien au chapeau.
A côté des angles magistraux monkiens, des cercles concentriques, des spirales qui tournent sur elles-mêmes et s’envolent, surtout lorsque l’orchestre s’agite autour des thèmes maison.
Lignes brisées et cercles esquissant comme l’équivalent musical de quelque peintre suprématiste russe.

Ces joies du matin sont en somme autant de beautés solaires présentées en formes alambiquées mais aimables, aussi dépourvues d’affectation que personnelles et complexes.

Steve Lacy, comme la plupart des musiciens de sa génération liée au free, a dans son jeu de très vives incandescences, un penchant pour le jazz en forme de brasier. Mais, chez lui, les feux sont moins volcaniques que solaires. On y trouve, chose infiniment rare, tous les attributs de la colère mais dans un souffle apollinien.