Chronique

Andreas Røysum Ensemble

Fredsfanatisme

Henriette Eilertsen (fl), Signe Emmeluth (as), Marthe Lea (ts), Andreas Røysum (comp, cl, bcl, cbcl), Hans P. Kjorstad (vln), Joel Ring (cello, cb), John Andrew Wilhite-Hannisdal (cb), Christian Meaas Svendsen (cb), Ivar Myrset Asheim (dm, perc)

Label / Distribution : Motvind Records

Avant de peaufiner son approche orchestrale, Andreas Røysum s’était fait connaître dans de petits ensembles : en trio avec le regretté Tristan Honsinger et dans des duos avec Axel Dörner, Kalle Moberg ou Mats Gustafsson. Son orchestre est composé de neuf musicien·ne·s qui sont avant tout ses ami·e·s. Très apprécié en Norvège, cet orchestre représente la fine fleur des jeunes instrumentistes locaux. Il est important de signaler l’opiniâtreté de Malwina Witkowska qui, avec son agence No Earplug, permet à cette formation et à bon nombre d’artistes scandinaves de se faire connaître.

Dès les premières notes, les couleurs orchestrales évoquent des latitudes orientales et africaines. On trouve d’ailleurs des similitudes sonores avec le Brotherhood of Breath, ce qui place la formation dans un registre expérimental réjouissant. Déjà remarquée dans l’ensemble OJKOS, Henriette Eilertsen affirme sa capacité à improviser et à enrichir la palette des couleurs orchestrales ; ses envolées dans « Lalibela » et dans le très chantant « Keine LSD Blues » l’installent parmi les flûtistes d’exception. Les superpositions sonores et tonales dans « Hina Hina » alimentent le jeu collectif bien servi par le batteur Ivar Myrset Asheim. L’inventivité est de mise dans « Flipp Ut », où une construction en boucles délivre une ambiance hypnotique, ainsi que dans « Sawakuro » où apparaissent les lueurs tamisées du grand Nord. Le leader tient un discours créatif avec ses clarinettes, bien relayé par les anches de Signe Emmeluth et de Marthe Lea, très inspirées. Marque de fabrique de cette formation, les cordes résonnent avec ampleur dans « Kvintett ( for Leroy Jenkins ) », sans aucun doute l’une des pièces les plus épatantes de cet album. Cet hommage sensible au violoniste américain, en particulier dans les croisements de sons des archets, révèle le talent des improvisateurs.

Lorsque l’explosion sonore de « Jakter på Røyskatten » devient contagieuse, l’orchestre d’Andreas Røystum atteint son but extatique. Ce nonette qui sonne comme un big band est promis à un bel avenir.