Chronique

Lockwood - Beck - Holdsworth - Romano - Jenny-Clark

The Unique concert

Didier Lockwood (v), Gordon Beck (p), Allan Holdsworth (g), Aldo Romano (d), Jean-François Jenny-Clark (b)

Label / Distribution : JMS

C’est à une photographie sonore d’une époque aujourd’hui révolue que nous invite l’écoute de ce disque. Enregistré en 1980 et encore jamais édité jusqu’alors, ce concert unique présente le quartet dirigé par le pianiste anglais Gordon Beck (Jean-François Jenny-Clark est à la contrebasse, Aldo Romano à la batterie et Allan Holdsworth à la guitare) qui invite pour l’occasion le jeune violoniste (il n’a que 24 ans) Didier Lockwood.

Les deux solistes rivalisent de prouesses pour étourdir la galerie. À grand renfort de traits rapides et d’échanges en ping-pong, ils font tourner l’oreille en tous sens et rappellent que le jazz a aussi été le territoire de la performance et de la vitesse. Particulièrement à une époque, les clinquantes années 80, où elles étaient consubstantielles d’une manière volontariste d’être au monde et de la façon absurde de se l’approprier.

En arrière-plan, la section rythmique est impeccable et ne lâche rien. Des voicings stimulants de Beck aux échanges télépathiques à la fois “à l’ancienne” et complètement modernes entre la basse et la batterie, elle sert de socle aux effusions de nos amis enthousiastes. De fait, dans les moments où le trio s’isole et prend les commandes, l’envie nous prend d’interpeller les deux excités de la double croche pour leur demander de faire un peu moins fort, parce que, dans ces moments-là, “on écoute de la musique”.