Chronique

Horse Orchestra

The Milkman Cometh

Erik Kimestad - (tr, flh) Ingimar Andersen - (sax, clar, fl) Petter Hängsel - (trb, bar, frh) Kristian Tangvik - (tba) Jeppe Zeeberg - (p, el. p, org) Nicolai Kaas Claesson - (elb, b) Rune Lohse - (d)

Label / Distribution : Autoproduction

Cela faisait cinq ans que le scandinave et délirant Horse Orchestra n’avait pas enregistré. Pourtant, ils tournent dans les festivals. Ainsi donc, voici le nouveau répertoire de ce groupe composé de musiciens de la scène de Copenhague. Il était attendu comme l’arrivée du laitier, c’est peu de le dire…

Au piano et à la composition, le génial Jeppe Zeeberg et sa maîtrise totale des différents claviers, cascadeur ou mystique. La section rythmique danoise est composée, en plus de Zeeberg, de Nicolai Klaas Claesson et Rune Lohse, soit le trio Dødens Garderobes, qui produit depuis des années les fameuses sessions de Noël. A cette section très soudée et très réactive se greffe un quartet de soufflants, le tubiste norvégien Kristian Tangvik, le tromboniste suédois Petter Hängsel, le saxophoniste et flûtiste islandais Ingimar Andersen et le trompettiste norvégien Erik Kimestad. Une belle équipe.

Horse Orchestra a cette faculté de jouer de façon collective mais décalée. Les arrangements donnent à entendre un jazz très inspiré des orchestres swing et même New-Orleans, mais toujours avec cette énergie et ce recul qui les poussent à tordre le cou à l’imitation tout en donnant l’impression de s’en fiche. Or pas du tout. Cette approche humoristique n’est pas facile. Il faut jouer serré, carré et les ruptures, très nombreuses, ne souffrent pas l’à-peu près.

Aussi passe-t-on de morceaux de facture classique à une relecture moderne de « I Got Rhythm » qui précède un titre de danse pure « Xenon - Sector 1 ». Tout est en public (enregistré en 2018, 2019 et 2020) et en direct, ce qui donne toute la force à ces arrangements : silences, tutti, tension et détente. Dans « Behold Time », on peut sentir entre les accords la présence du vide, attirante.
Et puis, il y a ces échappées, ces soli, des uns et des autres, avec tout l’éclat de leur maîtrise. Par exemple, l’immense solo de trombone sur « Behold Time » par Hängsel (par ailleurs compositeur du titre) ou celui, lent et inspiré, d’Erik Kimestad sur « The Milkman Cometh », ou encore le discours débridé et appuyé au piano de Jeppe Zeeberg sur « Fucking Dishonest Shit Politicians ».

Il ne reste qu’à souhaiter de les voir sur scène car la joyeuse bande, en plus de la musique, dispose d’un jeu scénique tout particulier, comme on peut le deviner en observant les photos sur la pochette. C’est d’ailleurs le pianiste Jeppe Zeeberg qui est l’auteur du design du disque et qui le produit.

par Matthieu Jouan // Publié le 16 janvier 2022
P.-S. :