Chronique

Ceccarelli, Imbert, Goualch & Linx

Le Jazz et la Java

André Ceccarelli (d), Diego Imbert (b), Pierre-Alain Goualch (p, fender), David Linx (voc).

On ne change pas une équipe qui aime à ce point Claude Nougaro. C’est sans doute ce que se sont dit André Ceccarelli, Diego Imbert et Pierre-Alain Goaulch lorsqu’ils ont décidé d’inviter à nouveau David Linx pour célébrer une troisième fois le chanteur toulousain, après Le Coq et la pendule (2009) et àNousGARO (2013), vingt ans après sa disparition.

Le Jazz et la java, composition emblématique du répertoire de Nougaro et adaptation d’un thème de Dave Brubeck (« Three To Get Ready » sur l’album phare du pianiste Time Out en 1959), donne son titre à ce nouveau rendez-vous qu’on savoure avec un plaisir inchangé. Souplesse féline de la batterie, aussi suggérée que présente, offrant son groove aux élans mélodiques d’une contrebasse gourmande et plus ronde que jamais, déploiement multicolore des harmonies du piano ou du Fender Rhodes, chant se refusant à tomber dans le piège de l’impossible imitation pour propulser la danse des mots vers d’autres rivages rythmiques, quand il n’en propose pas de nouveaux (ainsi ce texte en anglais sur « Step Into Your Life », comme un palimpseste de « Visiteur »)… C’est un sans-faute accompli par chacun des musiciens dont l’humilité et l’intelligence de jeu constituent la plus belle des déclarations faites à Claude Nougaro. On sait qu’André Ceccarelli et David Linx ont côtoyé le chanteur (tous deux étaient présents en particulier sur son ultime disque La Note bleue) tandis que Goualch et Imbert lui vouaient une grande admiration. Cette différence de « statut » ne produit aucune distance entre eux, elle ne fait au contraire que mieux nourrir leur association de bienfaiteurs. Le quatuor avance comme une seule entité, homogène et admirable tant de maîtrise que d’équilibre. Quand le jazz est là… on est certain qu’il ne peut être « Prisonnier des nuages ».

Le Jazz et la java est-il la conclusion d’une trilogie amoureuse ? L’avenir le dira. Mais dans un coin de leur tête, André Ceccarelli, Diego Imbert, Pierre-Alain Goualch et David Linx savent bien qu’on fêtera en 2029 le centième anniversaire de la naissance de leur chanteur fétiche. Ce n’est pas si loin après tout…