Scènes

Jakob Bro trio @ Bimhuis

Jakob Bro, Arve Henriksen, Jorge Rossy, 25 fév 2022 au Bimhuis d’Amsterdam


© Henning Bolte

Trois jongleurs de sons à la fois puissants et délicats étaient à l’œuvre dans le très plein Bimhuis d’Amsterdam : Jakob Bro, Arve Henriksen, Jorge Rossy. Partant de thèmes simples et attrayants, ils ont parcouru un immense domaine sonore, allant du presque imperceptible au tonnerre rugissant.


Three forceful, delicate sound jugglers were at work at a full Amsterdam Bimhuis : Jakob Bro, Arve Henriksen, Jorge Rossy. Departing from attractive simple themes, they crossed a huge realm of sound, from the almost imperceptible to roaring thunder.

Texte en français

Jakob Bro © Henning Bolte

Cela s’est fait grâce à une dramaturgie magistrale et sincère et à un jeu dynamique captivant, créant ainsi un espace et des vibrations pour que la musique se déploie, brille, gronde et coule. Cette musique ouvre et aiguise notre conscience à un océan tumultueux d’humeurs et de tempéraments humains, l’intensifie en libérant tout son potentiel tonal et dynamique, depuis des états de calme profond jusqu’à la montée en puissance du tonnerre, et produit une sensation inéluctable de fascination.

L’interaction sensible et captivante, sans tabou, et la chimie intrinsèque de ces trois personnalités musicales différentes, font durer cela tout au long du concert. Le meneur de jeu principal est sans aucun doute Arve Henriksen, qui fait jouer à fond les deux côtés de son tempérament, le calme et la sérénité ainsi que la férocité et le tonnerre.

Arve Henriksen & Jorge Rossy © Henning Bolte

Tous deux, Jakob Bro et Jorge Rossy, en s’y accordant pleinement, le font monter en puissance : une dialectique de la poussée, de l’expansion et de l’évanouissement qui exige un haut degré d’intelligence sensorielle. Le moment où Henriksen laisse hurler des sirènes dans la tourmente sonore, se connectant ainsi à la cruelle réalité extérieure, restera dans les mémoires de beaucoup ; il transforme la musique en un antidote encore plus puissant. Ils échappent ainsi à l’uniformité et à l’équanimité autoréférentielle de beaucoup de minimalistes. De plus, la performance dépasse et surpasse de loin la trame de son album Uma Elmo et sa dramaturgie, leur point de départ.

Le concert a eu lieu la nuit suivant l’invasion russe de l’Ukraine (24 février) et c’était - d’un autre côté - la première nuit du Bimhuis dans la normalité passée, sans aucune restriction liée à l’épidémie après presque deux ans. Ce fut une expérience étonnante, surprenante et émouvante.

English text

Jakob Bro © Henning Bolte

This happened in a masterful, honest dramaturgy and captivating dynamic interplay thereby inducing space and vibrations for the music to unfold, shine, roar thunderously and flow. The music opened and sharpened our awareness to a turmulating ocean of moods and human tempers, intensified it by unleashing its full tonal and dynamic potential, from states of sinking quietness to surging thunder and bore out inescapable mesmerizing effects.

Due to the sensitive and gripping, void of taboo interaction and mutual chemistry of three different musical characters, it dragged on through the whole concert. Main booster was without doubt Arve Henriksen, who, to the full, brought in both sides of his temperament, the quiet and serene as well as the fierce and thunderous.

Arve Henriksen & Jorge Rossy © Henning Bolte

Both, Bro and Rossy, fully attuning to it drove it up : a dialectics of pushing forward, expanding and elapsing that demands a high degree of sensory intelligence. The moment that Henriksen let wail sirens in the sound turmoil thereby connecting to cruel reality outside will be remembered by many and made the music an even stronger antidote. They escaped thus the trancing self-referential evenness and equanimity of a lot of minimalists. Also, the performance by far exceeded and surmounted the grid of the recorded album Uma Elmo and its dramaturgy, their point of departure.

The concert took place the night after the Russian invasion of Ukraine (February 24) and it was - on the other side - the first Bimhuis night in old normality, without a n y plague related restrictions after almost two years. It was a stunning, surprising, moving experience.