Chronique

Paul Dunmall

Bright Light A Joyous Celebration

Paul Dunmall (ts, c-ss), Soweto Kinch (as, ts), Xhosa Cole (ts), Corey Mwanba (vib), Dave Kane (b), Hamid Drake (dms).

Label / Distribution : Discus Music

Un son ample, fait du vrombissement d’une section de saxophones dont les ténors se taillent la part du lion, ce sextet prend des allures de mini big band. La capacité de Paul Dunmall à se frayer des chemins entre une esthétique post-free et des couleurs africaines rend l’écoute de Bright Light A Joyous Celebration passionnante.

Le jazz britannique a donné naissance à bon nombre de saxophonistes ténor : Tubby Hayes, Alan Wakeman, Evan Parker, Alan Skidmore, Tony Coe ont développé des styles identifiables, à l’instar de Paul Dunmall qui, lui, s’insère facilement dans des formations diverses. Sa pratique instrumentale s’est étoffée au fil de rencontres importantes : Alice Coltrane et Johnny « Guitar » Watson durant son séjour aux États-Unis, ainsi que d’expériences avant-gardistes en Angleterre, du London Jazz Composer’s Orchestra de Barry Guy au groupe Tapestry de Keith Tippett.

Bien entouré par les saxophonistes Soweto Kinch et Xhosa Cole qui façonnent l’agrégat sonore en y installant des rythmes circulaires comme dans « Disbelief », Paul Dunmall s’exprime par ses solos entraînants. Il fait preuve d’imagination au c-soprano, cet instrument situé entre le soprano et le sopranino, difficile à jouer du fait d’une justesse approximative. Le leader le réhabilite et en tire un son chaleureux non loin du hautbois.

Le pouvoir mélodique est accentué par Corey Mwamba au vibraphone : très habile dans ses ponctuations riches harmoniquement, il produit de longues notes et son intervention dans « Many Sparrows » est imposante. La participation de Hamid Drake, dont le jeu coloré se situe par moments dans la lignée d’Ed Blackwell, ennoblit le sextet. Il faut souligner la pulsation efficace et constante du contrebassiste Dave Kane qui donne du corps aux compositions, en particulier dans les balancements rythmiques.

L’harmonie est à l’honneur dans Bright Light A Joyous Celebration ; la modernité y côtoie une authentique générosité. Par sa maturité, Paul Dunmall a une fois de plus célébré une musique métissée en lui insufflant une partition fastueuse.

par Mario Borroni // Publié le 17 mars 2024
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