Chronique

Raphaël Schwab

Retrouvailles

Label / Distribution : Inouïe Distribution

Raphaël Schwab est un contrebassiste de grand talent. On le sait notamment depuis ses participations au groupe Ping Machine (entre 2008 et 2018) ainsi qu’à la dernière mouture de l’ONJ, deux ensembles dirigés par le guitariste Fred Maurin (qui cédera sa place en janvier à la flûtiste Sylvaine Hélary). Il est également un compositeur inventif et malicieux qui, au travers du formidable duo qu’il forme avec le saxophoniste alto Julien Soro, nous régale depuis bientôt 15 ans.

Dans Retrouvailles, on le découvre avec une autre casquette, celle de chef d’orchestre et d’arrangeur. Pour son premier disque en leader, il est à la tête d’un orchestre de douze musiciens baptisé Le Grand Schwab, dans lequel on retrouve plusieurs compagnons des années Ping Machine, tels les saxophonistes Fabien Debellefontaine, Julien Soro, Florent Dupuit et Guillaume Christophel ou encore le trompettiste Quentin Ghomari ainsi que des musiciens amis (Paul Jarret, Marc Benham, Ariel Tessier) issus du collectif francilien Pégazz & l’Hélicon dont il est un des directeurs artistiques. L’album a été enregistré dans deux clubs mythiques de la capitale (le Studio de l’Ermitage et le New Morning) devant un public conquis.

Adepte de la ligne claire, Raphaël Schwab base son travail de compositeur sur des mélodies simples et graciles, de longs développements harmoniques ainsi que sur une grande richesse de timbres et de textures. Ses compositions ciselées oscillent entre des morceaux virevoltants (« Il y a urgence », « Un œuf, un vrai », « Jolie valse joyeuse ») faits de fréquents changements de rythmes, portés par la sensation de masse des unissons de l’orchestre, duquel émergent des solos fiévreux et habités (Jarret, Soro pour ne citer qu’eux) et des morceaux plus doux et délicats (« Frémissements », « Les Retrouvailles », « Mouvement perpétuel », le rappel « La Ballade qui n’a pas de hauteur ») dans lesquels la musique s’épanche et respire et où la guitare expressionniste de Jarret fait son effet.

Sur le primesautier « J’aime flâner sur les extérieurs », Schwab se réserve un beau solo de contrebasse en introduction, avant que chacun, à tour de rôle ou presque, expose la même petite ritournelle aérienne et tournoyante sur laquelle viendront s’imbriquer de profonds contre-chants.

Le morceau « Le Refrain » pourrait finalement résumer à lui seul l’esprit du Grand Schwab et de son leader : espiègle, joyeux et rassembleur. Un beau programme pour un bien bel album.

par Julien Aunos // Publié le 15 décembre 2024
P.-S. :

Orchestre Le Grand Schwab :

Raphaël Schwab (b, dir), Florent Dupuit (as, fl), Julien Soro (as), Illyès Ferfera (ts), Guillaume Christophel (ts), Sylvain Bardiau (tp), Quentin Ghomari (tp), Balthazar Bodin (tb), Fabien Debellefontaine (tb, tub), Paul Jarret (g), Marc Benham (p), Ariel Tessier (dm).