Chronique

Enzo Carniel / Marc-Antoine Perrio

House Of Echo

Marc-Antoine Perrio (g), Enzo Carniel (p), Damien Varaillon (b), Ariel Tessier (dms), Julia Robert (vla), Jean Dousteyssier (cl), Adrien Sanchez (fl), Esteban Pinto Gondim (as)

Label / Distribution : Cordes et Ames

Né sur les bancs parisiens du CNSM, le quartet bicéphale mené par le pianiste Enzo Carniel et le guitariste Marc-Antoine Perrio revendique avec House Of Echo, sorti sur le label Cordes & Âmes ses racines sudistes. Avec une base rythmique à la fois ronde et compacte composée du contrebassiste Damien Varaillon et du batteur Ariel Tessier, très en avant sur ce premier album, il défend une musique chaleureuse qui s’inspire, aux dires de Carniel (qui se charge des notes de pochette), d’une randonnée sous le soleil oblique de Provence, au milieu des pierrailles chauffées à blanc d’un pic rocheux.

Effectivement, on retrouve dans la guitare de Perrio, qui fera songer de loin en loin à la sécheresse de Ben Monder, tous les attributs d’un climat caniculaire, mais pas inhospitalier. Ainsi, dans un morceau comme « Haïku » qui expose le climat général de l’album, la guitare double le piano comme dans une chambre d’écho, mais le relief, jamais rêche, conserve une certaine patine mélodique. La guitare échauffe le piano, le solarise, et surtout, lui donne de la consistance. Car les cascades harmoniques de Carniel, héritées de l’esthétique EST en vogue, pour sophistiquées qu’elles soient, transforment parfois le paysage du Midi en revue sur papier glacé à la beauté formelle indiscutable mais quelque peu figée (« Old Book »).

C’est lorsque des invités viennent s’ajouter au quartet sur deux titres que le paysage s’anime pour de bon et que le soleil darde tous ses rayons ; sur le très intéressant « Le silence sous l’écorce », la flûte d’Adrien Sanchez s’instille sur les pierres échauffées du quartet comme un lézard qui se prélasse. Mais c’est sur « Monadologie », où l’on retrouve notamment les clarinettes de Jean Dousteyssier, qu’on découvre le goût et le talent d’Enzo Carniel pour l’ordonnancement des timbres. Un chemin à prendre, plus tortueux et escarpé, mais qui mène plus sûrement aux vues imprenables que House Of Echo appelle de ses vœux…