Scènes

Reykjavík Jazz, le brassage des genres 🇮🇸

Le festival de la capitale islandaise offre un programme très varié et international.


Harpa © Kevin Whitlock

Le Reykjavík Jazz, nom abrégé de ce festival de longue date, reste un bel événement pour mieux connaître la scène jazz islandaise.

Gulli Briem © Hans Vera

Quand on appelle son groupe Groove Gang, il faut vraiment qu’il groove. Ce qui est le cas du groupe du batteur Gulli Briem. Le saxophoniste américain Phil Doyle, qui vit en Islande, le claviériste Magnús Jóhann Ragnarsson, qui manipule les sons avec beaucoup de goût et le bassiste électrique Róbert Pórhallson jouent avec le leader une fusion fraîche et croustillante, axée sur la batterie, avec des chansons de Briem ou des bons vieux Steps Ahead. Gulli Briem est l’un des noms les plus connus de la scène musicale islandaise, puisqu’il a joué de la batterie pendant des années dans le groupe Mezzoforte. Le quatuor funk-fusion qu’il a cofondé à la fin des années 1970 a connu un succès mondial en 1983 avec « Garden Party », qui a placé d’un coup l’Islande sur la carte musicale. De nombreux artistes célèbres ont suivi, comme The Sugacubes, Björk, Sigur Rós, Múm ou Emíliana Torrini. Il y a aussi des jazzmen de renommée internationale, comme la pianiste Sunna Gunnlaugs ou le groupe ADHD.

Le Reykjavík Jazz, nom abrégé de ce festival de longue date, reste un bel événement pour mieux connaître la scène jazz islandaise. On y entend un trio comme Hist Og, avec trompette, guitare et batterie, qui sait parfaitement combiner un jazz rythmiquement intense, tourné vers l’avenir, contemporain et parfois rock avec de l’improvisation et des éléments électroniques. On découvre le sextette ES qui, avec la chanteuse Marína Ósk, joue certes un jazz mainstream sans faille, mais ne sonne à aucun moment ringard. Le répertoire comprend la plupart du temps des morceaux originaux et, lorsqu’un standard est joué, il est arrangé de manière originale et intéressante.

Anna Gréta & Sigurdur Flosason © Hans Vera

Avec son père, l’artiste d’ACT Anna Gréta a assuré une expérience de duo touchante. Elle au piano, au piano électrique et au chant et Sigurdur Flosason au saxophone et à la clarinette basse. Des chansons folkloriques, des standards de jazz, des compositions personnelles, délicates et magnifiques, voilà ce que le duo a joué. La musique du quatuor MOVE du saxophoniste Óskar Gudjónsson, avec lequel joue le pianiste Eythór Gunnarsson, un autre membre fondateur de Mezzoforte, est également empreinte de retenue. Les quatre Islandais diffusent un son de jazz classique presque sans interruption dans la salle du Harpa, l’impressionnante salle de concert et centre de conférences, lieu principal du festival. Deux groupes plus tard, Gudjónsson est de retour sur scène, avec un tout autre son, en tant que membre de l’Iceland’s Liberation Orchestra, composé ce soir-là de sept musiciens. Deux bassistes, un batteur et quatre souffleurs font partie du projet du saxophoniste Haukur Gröndal, qui célèbre un jazz libre et toujours passionnant avec des interactions dynamiques et des rythmes parfois aventureux.

Gø © Hans Vera

Bien entendu, des artistes internationaux se produisent également au Reykjavík Jazz. Comme le trio du trompettiste danois Jakob Buchanan, qui joue avec son compatriote, le pianiste Simon Toldam, et le saxophoniste et clarinettiste américain Chris Speed une musique fine et calme, parfois presque méditative. La prestation du quintette , originaire des îles Féroé, a été une véritable surprise. Cinq jeunes garçons qui jouent de manière délicieusement imprévisible et avec une joie contagieuse entre le jazz fusion, le prog ou le post-rock - parfois aussi avec des sons de guitare twang cinématographiques qui auraient pu être tirés d’un western.

Tania Giannouli © Hans Vera

La pianiste grecque Tania Giannouli s’est présentée en solo au piano de concert et a embarqué les auditeurs fascinés dans un voyage composé et improvisé à travers de petites histoires qui montent en émotion puis redescendent en douceur, dans lesquelles elle intègre des références à la musique classique et au folklore grec. Sur son album Solo, cela sonne déjà très bien, mais en live, cette musique, dans laquelle la Grecque montre aussi le courage de déchirer de temps en temps des images sonores oniriques, est encore plus magique.

Le nouveau directeur du Reykjavík Jazz, Pétur Oddbergur Heimisson, lui-même chanteur classique, poursuit la tradition.
La scène jazz islandaise peut mettre en avant des artistes internationaux intéressants, comme la pianiste mongole Shuteen Erdenebaatar et son quartet, qui vit dans le sud de l’Allemagne et qui a été très appréciée, ou le bassiste féroïen Arnold Ludvig, qui a joué ses propres compositions, dignes d’être écoutées, dans son quintette avec quatre Islandais. De plus, une place est faite pour les jeunes talents, comme lors d’un après-midi dans un bar branché du centre-ville de Reykjavík, où la jeune chanteuse islandaise Erla Hlín Gudmundsdóttir a su convaincre avec un set d’une bonne demi-heure.