Jean-Christophe Cholet Diagonal
Large Whispers
Jean-Christophe Cholet (p, dir, comp), Sara Chenal, Virginie Turban (vln), Catherine Demonchy (vla), Claire-Lise Demettre (cello), Matthieu Michel (flh), Didier Ithursarry (acc), Frédéric Chiffoleau (b).
Label / Distribution : Infigo
Les murmures en musiques soulignent souvent les œuvres poétiques. En 2016 déjà, le pianiste Jean-Christophe Cholet et le bugliste Matthieu Michel se rencontraient sous la bannière de ces chuchotis (Whispers en anglais). D’abord à deux, puis en invitant notamment l’accordéoniste Didier Ithursarry dans une version étendue qui s’immisçait un peu plus encore dans l’intime. Plus l’orchestre s’agrandit, plus le luxe de détails entre Cholet et Michel confirme cette approche très onirique née d’une culture classique commune. Une expérience nourrie également par le passé des deux musiciens au sein du Vienna Art Orchestra de Matthias Rüegg, qui a beaucoup influencé le pianiste dans son travail avec son grand format à géométrie variable, Diagonal. C’est une dimension qui manquait dans ce travail autour des Whispers, jusqu’à ce que Jean-Christophe Cholet convoque un diagonal remanié pour un Large Whispers sans batterie où les cordes prédominent, la contrebasse de Frédéric Chiffoleau croisant les timbres avec le quatuor Sine Qua Non.
La finesse qui caractérise le duo depuis 30 ans se trouve confirmée avec ce passage à l’octet. « So British » en est sans doute le meilleur exemple : le bugle lumineux de Michel, soutenu par la fluidité du piano, échange tout en douceur avec l’accordéon languide d’Ithursarry. La légèreté qui naît de ce morceau est étonnante, communicative. Parfois le violoncelle de Claire-Lise Demettre vient se mêler au bugle, sans alourdir un ensemble flottant qui se préoccupe davantage de la quiétude alentour que d’une quelconque joliesse, toujours absolument naturelle. Idem plus loin avec « Kalanta Protochonia » que l’accordéon fait naître dans ses basses avant de passer la main aux violons de Sara Chenal et Virginie Turban : Diagonal semble jouer en creux la musique qui habite Michel et Cholet. Un spectre sur les murmures.
On ne pouvait pas rêver plus bel écrin que ce nouveau Diagonal pour les Large Whispers de ce beau duo d’orfèvre. Ce disque qui suggère la douce poésie d’une nuit de pleine lune s’exprime ici dans un luxe de détails qui fuit toute ostentation. On sait Cholet homme de la nuit, qu’il exprime toujours très justement dans la plupart de ses projets. Assez différent du précédent Diagonal, plus proche de ses récents solos, Large Whispers est un témoignage de cette belle histoire de fidélité musicale, couronnée par un somptueux orchestre.