Scènes

Rouen Loves You

Concert de You à la maison normande.


You © Franpi Barriaux

« Une sortie d’album, c’est toujours mieux à la maison », dit Héloïse Divilly pendant le concert. Pour You, la maison, c’est à Rouen, puisque le trio de la batteuse des Vibrants Défricheurs y est installé depuis maintenant plusieurs années. Mais pour elle comme pour ses compagnons, la maison, c’est un peu partout, là où la poésie a cours et où l’électronique palpite. Pour la sortie de Winds, l’orchestre, ancien lauréat de Jazz Migration, avait décidé de poser ses bagages au 106, la SMAC rouennaise des bords de Seine.

Linda Oláh est certes la plus française des Suédoises, mais elle mériterait presque autant son titre de normande, tant elle multiplie les projets et les rencontres avec les Vibrants Défricheurs. Depuis qu’elle a rejoint You, comme on peut le constater dans le nouvel album, elle a marqué le son de l’orchestre de son univers, qui se mariait fort bien à celui d’Héloïse Divilly. Quant à Guillaume Magne, l’inamovible guitariste de You, il apporte lui aussi cette touche inimitable avec ce son caniculaire, proche du blues en cela qu’il parle à l’âme et se fond à merveille dans les thèmes des morceaux de l’album.

Heloïse Divilly © Franpi Barriaux

You est avant tout l’univers d’Héloïse Divilly. De son histoire de voyages et de racines multiples, et des poèmes de son père qui accompagnent tous les morceaux ou presque. On avait, avec l’usage renforcé de l’électronique sur l’album, bien saisi la volonté du trio d’aller vers une musique plus pop sans pour autant céder à la facilité ou aux modes ; le concert, où le travail rythmique de la batteuse apparaît central, nous le confirme. You essaie de choisir le plus court chemin vers l’émotion sans se poser de questions.

Quand il s’agit d’émotion, le rôle de Linda Oláh devient lui aussi prédominant : la chanteuse, avec son habituel double micro, travaille sa voix dans toutes les dimensions possibles, surtout les plus oniriques. Son apport dans You est magistral et l’alchimie qui naît de son travail permanent avec la batterie est le secret d’une musique où les rêveries synthétiques, parfois dédoublées par la venue épisodique de Sébastien Palis, le claviériste de Papanosh sur scène, se marient à merveille avec les rythmiques de transe directement ramenées de la Réunion dans le cœur d’Héloïse Divilly. Une soirée mémorable.