Sylvain Cathala présente un nouveau septet qui se situe dans le prolongement de ses disques précédents et, par un travail affiné d’écriture, atteint une maturité dans tous les paramètres du collectif. Articulé autour d’un trio qu’il conduit depuis plusieurs années et dans lequel on retrouve la pulsation charpentée de Sarah Murcia et le swing asymétrique de Christophe Lavergne, le saxophoniste dépeint des climats contemporains qui trouvent un point d’équilibre entre mise en place rigoureuse et souplesse des interventions.
Placé sur des matrices rythmiques au pouls complexe mais sans faille, l’orchestre affiche un assemblage sombre et resserré de timbres électro-acoustiques. Avec sobriété mais efficacité, il investit des narrations au lyrisme nerveux qui trouvent leur vitalité dans la force d’incarnation de solistes, véritables personnages musicaux de ces cinq pièces.
En effet ces derniers, qui se déploient en mouvements lents mais inexorables, ne s’insèrent pas seulement dans un écrin d’arrangements mais font partie intégrante du processus. Ainsi le baryton erratique de Bo van der Werf propose une perspective biaisée au titre “Bloody 2” tandis que tout du long, le Fender Rhodes de Benjamin Moussay pose des modulations comme autant de draperies scintillantes. Sur “Hope 4 - part 2”, la guitare de Marc Ducret sculpte une matière énigmatique et brute qui va s’épanouissant jusqu’au saxophone lunaire de Guillaume Orti.
S’appuyant sur l’indépendance de chaque membre dont les initiatives personnelles sous-tendent l’ensemble et permettent une constante circulation du son, Sylvain Cathala développe sur le dernier titre “Hope 4 - part 1” un discours pointilliste à suspense avant d’être rejoint par ses partenaires pour un final ardent.