Chronique

VVG Trio

In Orbit

Bruno Vansina (as, ss), Gulli Gudmundsson (b), Teun Verbruggen (d), Jozef Dumoulin (p), Magic Malik (fl)

Label / Distribution : RAT Records

A ses débuts, le VVG Trio jouait du bebop standard, avant d’évoluer vers une musique plus ouverte et improvisée. Ce double album présente les deux faces du trio dans un superbe emballage. In Orbit est aussi un beau développement de leur premier album, Trio Music

Le premier volet d’In Orbit a été enregistré en studio, essentiellement avec le trio, plus Jozef Dumoulin sur trois plages. On y entend un groupe soudé et y admire la sonorité légère et ferme de Bruno Vansina aussi bien à l’alto qu’au soprano, ainsi que le swing généré par la décontraction avec laquelle Gulli Gudmundsson et Teun Verbruggen abordent des rythmes teintés de binaire ou de drum ’n’ bass. Lorsque, sur la dernière de trois variations sur le morceau-titre, Gudmundsson utilise son archet et une pédale à effets pour créer une couche de distortion, la confluence de techniques classiques et rock dans un contexte jazz est la preuve d’une belle ouverture d’esprit.

« Untamed » réunit toutes les qualités du trio : improvisation fougueuse d’un côté, attachement à la mélodie et l’esprit de la chanson de l’autre, le tout cerné, dans ce cas-ci, par un thème bop moderne. D’autres morceaux sont plus lyriques. Comme références contemporaines, on peut penser à un Greg Osby moins hermétique ou à une version moins agressive du trio de Thomas Chapin.

Le second disque a été enregistré en concert, avec Dumoulin et Magic Malik en invités. Ces deux-là ne connaissaient pas la musique du VVG, ce qui crée une formidable tension entre le trio sûr de lui-même et deux musiciens qui s’aventurent hardiment mais joyeusement en terres inconnues. Ainsi, le trio est parfois bousculé, mais le tout peut aussi devenir un ensemble magnifique, comme lors d’un passage improvisé à cinq particulièrement fluide sur « Mark Time » de Kenny Wheeler.

Sur « Miss Apple », Dumoulin commence par jouer sur l’interférence bruitiste, ensuite il s’appuie fortement sur la ligne de basse pour créer un accompagnement basique, puis s’en écarte progressivement pour arriver à des trouvailles rythmiques ou texturales vraiment intéressantes. Suivre cet apprentissage en temps réel est fascinant en soi. C’est peut-être là tout le sens du fameux sound of surprise de Whitney Balliett : une musique où tout n’est pas joué d’avance, afin que l’écoute et les réflexes priment.

Le deuxième CD est loin d’être parfait et lisse, mais les imperfections deviennent des avantages, comme ce piano à l’accordage incertain qui permet des textures inhabituelles. Studio et concert sont donc parfaitement complémentaires.