Chronique

Jeppe Zeeberg

Universal Disappointment

Erik Kimestad - (tr), Laura Toxværd - (a sax), Ingimar Andersen - (a sax), Petter Hängsel - (trb), Anja Tietze Lahrmann - (voc), Henrik Olsson - (g), Casper Nyvang Rask - (el.b), Jeppe Skovbakke - (b), Anders Vestergaard - (d, perc), Jeppe Zeeberg - (keys)

Le trublion danois, compositeur, pianiste et chef d’orchestre signe ici sa dernière magnifique invention.
Avec un titre d’album qui en dit long sur son rapport aux mots et à la dérision dadaïste (« Déception universelle », un titre de disque pas évident à porter !), Jeppe Zeeberg raconte une jolie histoire.

Avec des extraits sonores de films et des titres évocateurs, le parcours en neuf étapes passe par différentes ambiances. Les titres aux longueurs variées ont des couleurs chaque fois renouvelées, cuivrées, rock, aériennes, boisées, enragées, etc. L’ossature principale repose sur le quartet que forme le groupe The Absolute Pinnacle of Human Achievement, qui joue par ailleurs en grande partie ce répertoire en tournée et est composé de Anders Vestergaard à la batterie, Casper Nyvang Rask à la basse, Henrik Olsson à la guitare et Jeppe Zeeberg aux claviers.
Mais en arrangeur malicieux, Jeppe a construit le disque avec des éléments orchestraux différents et convoque quelques improvisateur.trice.s pour incarner ses compositions. Aussi retrouve-t-on à plusieurs reprises la saxophoniste alto Laura Toxværd – qui se fend d’un chorus bien épicé sur « Looks Like Noodles to Me ». On y entend une partie de la front line du Horse Orchestra, soit le trompettiste Erik Kimestad, le tromboniste Petter Hängsel et le saxophoniste Ingimar Andersen. Le contrebassiste Jeppe Skovbakke est présent sur deux titres et la chanteuse Anja Tietze Lahrmann clôt l’album avec « Directions on What to Do » de façon assez surprenante, nous transportant dans la salle vide d’un dancing des années soixante où ne restent au bar que quelques esseulés avinés et sur la piste, cette fille qui danse seule, tentative désespérée de se croire vivante, invisible aux yeux vitreux. La déception est universelle.

Un album fantasque et original, qui offre avec acuité une image de la musique de Jeppe Zeeberg, de sa façon d’arranger et de couper les séquences sans transition, de composer des films en musique. L’album est disponible en vinyle, comme la plupart des enregistrements du pianiste.