Chronique

Luís Vicente 4tet

House In The Valley

Luís Vicente (tp, comp), John Dikeman (ts), Luke Stewart (b), Onno Govaert (dm)

Label / Distribution : Clean Feed

Luís Vicente est un voyageur. Toujours à l’affût d’une nouvelle rencontre musicale. Rencontrer, échanger, partager, telles sont les aspirations de ce musicien généreux et ouvert sur le monde qui trimballe sa trompette aux quatre coins de l’Europe. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le trompettiste portugais sait s’entourer. Après George Hadow, Dirk Serries, Martina Verhoeven et John Dikeman sur l’album Ideal Principle (Raw Tonk Records, 2018) ; après John Dikeman (encore lui), Hugo Antunes, Alexander Hawkins et Roger Turner sur le disque Corda Bamba (JACC Records, 2019) ; après William Parker, Hamid Drake et John Dikeman (toujours lui) sur l’album Goes Without Saying, but It’s Got to Be Said (JACC Records, 2020), c’est maintenant au tour de Luke Stewart et d’Onno Govaert de croiser le fer avec le trompettiste. Baptisé sobrement Luís Vicente 4tet (John Dikeman complétant le quartet), le groupe sort, chez Clean Feed, l’album House in The Valley, captation d’un concert enregistré en juillet 2021 à Caldas da Rainha, Portugal.

Comme sur les albums précédemment cités, c’est l’association, toujours aussi fructueuse, du trompettiste et du saxophoniste qui constitue le moteur du quartet. Dans leurs unissons autant que dans leurs échanges, ces deux-là savent y faire pour magnifier les compositions du trompettiste. Ils s’entendent pour ménager tensions et détentes, organisent la parole, se partageant des chorus plus habités les uns que les autres. L’énorme son de Dikeman, âpre et lyrique, souvent au bord de la rupture, complète à merveille la trompette volubile et sensible de Vicente.

La réussite de leur entreprise repose autant sur leur entente naturelle que sur la paire rythmique Stewart/Govaert qui les accompagne. Luke Stewart, pilier de la scène chicagoane (Irreversible Entanglements, Heroes Are Gang Leaders), est ici comme un poisson dans l’eau au milieu de ces longues improvisations extatiques dans lesquelles sa contrebasse épaisse et gouleyante maintient le cap de la conversation avec beaucoup d’autorité. Quant au Hollandais volant Onno Govaert (complice de Vicente depuis de nombreuses années maintenant), il nous régale, comme à son habitude, de son jeu bouillonnant et sauvage qui fait de lui un des batteurs les plus stimulants d’aujourd’hui.

par Julien Aunos // Publié le 16 avril 2023
P.-S. :