Chronique

Patricia Brennan Septet

Breaking Stretch

Jon Irabagon (ss, as), Mark Shim (ts), Adam O’Farrill (tp), Marcus Gilmore (d), Mauricio Herrera (perc), Kim Cass (cb), Patricia Brennan (vib).

Label / Distribution : Pyroclastic Records

Le parcours sans faute de la vibraphoniste Patricia Brennan ces dernières années, que ce soit dans sa participation à des groupes importants (Michael Formanek, Matt Michell, Mary Halvorson) ou en tant que leadeuse, ne pouvait finalement que conduire à la réussite que constitue Breaking Stretch.

Le septet qu’elle présente, et qui est une extension de son quartet More Touch auquel elle adjoint la présence de soufflants, réunit les qualités attendues par une formation étoffée tout en les portant un peu plus loin. Poursuivant, ou creusant plus encore, son travail sur le rythme, notamment dans sa dimension fondamentale présente dans les musiques caribéennes (la présence des percussions joue un grand rôle ici), la vibraphoniste construit une série de compositions notablement toniques dans lesquelles l’implication de chacun dans la construction du tapis rythmique tient une large part et génère une dynamique empressée.

Ainsi stimulées par cet engagement effervescent, de ce son dense et touffu jaillissent des flèches brûlantes lancées par des solistes galvanisés, qu’il s’agisse des saxophones de Jon Irabagon ou de Mark Shim ou encore de la trompette d’Adam O’Farrill (qui, soulignons-le, gagne en puissance à chaque nouvel enregistrement que l’on découvre de lui).

Il ne faut pas limiter pourtant cette formation à une réunion enthousiaste. Le soin porté à la mise en espace - ou plutôt en étagement de chaque pupitre (particulièrement celui de Brennan dont l’instrument moins tranchant pourrait se noyer dans l’ensemble mais apporte un indéniable liant doublé de subtiles fantasmagories) - de même que la direction précise des compositions donnent un cadre rigoureux que soulignent les aspects chantants de l’ensemble.

Association de timbres, jeux sur les dissonances, puissance du tutti, l’orchestre déroule un répertoire homogène à la modernité parfaitement assimilée et assumée (on y entend lointainement du Steve Lehman ou Mary Halvorson avec qui Brenann joue par ailleurs) et comble l’oreille avec un naturel qui s’ajoute au plaisir des qualités à l’instant énumérées dans cette chronique.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 2 février 2025
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