Chronique

Toine Thys - Orlando

Betterlands

Toine Thys (ts, bcl, electronics), Maxime Sanchez (p), Florent Nisse (b), Teun Verbruggen (d)

Label / Distribution : Hypnote Records

Toine Thys n’a pas pour habitude de s’enfermer dans un style préconçu, sa pensée créatrice le conduit vers des climats protéiformes. Ce deuxième album de sa formation Orlando s’inscrit sous le signe de la maturité. Les neuf compositions de Betterlands superposent des climats émotionnels que développe un quartet franco-belge inspiré.

Comment perpétuer l’histoire du jazz tout en lui apportant de nouvelles perspectives ? Voilà l’enjeu majeur d’une musique où Florent Nisse forge des sons décisifs. Tout d’abord impérial par l’assise rythmique qu’il procure à « Curandero », le contrebassiste va tout du long embellir les compositions par des nuances appropriées. La vigueur qui émane de Maxime Sanchez contribue à étoffer l’écriture. Depuis la lointaine époque où il était le pianiste du Pandemonium de François Jeanneau il n’a cessé de multiplier des expériences musicales. Il transfigure la partition de Betterlands en sortant des sentiers battus comme dans « Flying Whale », d’inspiration post-bop, et dans « Quartography » où il déborde de poésie. Plus qu’un rythmicien accompli, Teun Verbruggen se souvient de ses explorations libératrices en compagnie de Keiji Haino ; il symbolise la force tranquille du quartet. Son langage intègre un vaste spectre sonore et induit un suspense opportun.

Musicien complet, Toine Thys enrichit les compositions par son utilisation judicieuse des effets électroniques. La suavité de la clarinette basse et l’éloquence du ténor expriment une dimension spirituelle loin de toute formule préétablie. Le classicisme avéré de « Happy Five » se confronte à la modernité grisante d’« Explosive Breeders » mais avec toujours en point de mire l’omniprésence du lyrisme.