Kaze
Unwritten
Satoko Fujii (p), Natsuki Tamura (tp), Christian Pruvost (tp), Peter Orins (d).
Label / Distribution : Circum Disc
Moins d’un an après avoir sorti le disque Crustal Movement aux côtés d’Ikue Mori, la formation franco-japonaise Kaze revient pour une huitième production identique aux précédentes et pour autant parfaitement originale.
Identique concernant la proposition musicale et la marche à suivre, puisque dans ce quartet stable (Satoko Fujii au piano, Natsuki Tamura et Christian Pruvost aux trompettes et Peter Orinsà la batterie), les musiciens, à force d’écoute attentive à la moindre inflexion de jeu de leurs partenaires, font évoluer le flux musical avec réactivité et finesse tout en gardant à l’esprit un sens de la forme. Cette attention au propos général, d’ailleurs, leur permet d’étirer au maximum le fil d’un discours qui ne se dissout pas dans une logorrhée, fût-elle, comme c’est le cas ici, parsemée de silences, de chuintements et crissements.
Cette longue pratique quadripartite trouve en effet sa force dans la prise en compte de chaque geste nouveau apprécié comme un événement notable à explorer et à accepter pleinement pour en révéler les potentialités. Quelle que soit la polysémie des notes, le refus des intentions sous prétexte qu’elles seraient conditionnées voire convenues n’a plus cours : il n’y a pas chez Kaze d’acte de déconstruction radical, mais bien l’acceptation de toutes les possibilités.
Ainsi en est-il de ce nouveau disque, original donc, puisque rarement dans la discographie du groupe on aura entendu autant de lyrisme affirmé, voire de romantisme dépouillé. Nous sommes évidement dans le domaine de l’interprétation libre et instantanée, et si les espaces d’attente sont de mise, si chacun reste aux aguets avant de se jeter collectivement dans la vague qui se lève, la montée de cette dernière, trompettes à l’appui, se fait avec emphase et une émotion tangible.
Sans doute faut-il être familier de ces pratiques pour en saisir la dimension tragique et touchante, mais ce nouvel enregistrement, s’il n’est pas le plus emblématique de la formation, reste à l’image d’un groupe qui ne cherche plus comment dire les choses mais simplement, humblement, honnêtement, à les exprimer.