Chronique

Print

Secrets for You

Sylvain Cathala (ts), Stéphane Payen (as), Benjamin Moussay (piano modulaire), Jean-Philippe Morel (cb), Franck Vaillant (dms).

Label / Distribution : Connexe Records

Avec 25 ans d’existence et un palmarès de six disques, la formation Print s’inscrit dans le temps long en restant fidèle à un line-up qui a pu évoluer ponctuellement mais compte, sur la majeure partie de ses enregistrements, quatre personnalités reconnues de la scène francilienne et plus largement hexagonale. Les deux soufflants Sylvain Cathala au ténor (également crédité aux compositions) et Stéphane Payen à l’alto, Jean-Philippe Morel à la contrebasse et Frank Vaillant à la batterie s’engagent ainsi dans un nouveau répertoire que complète Benjamin Moussay au piano modulaire, déjà présent sur le précédent disque et par ailleurs membre du quartet de Cathala (Poetry of Storms). Nous sommes donc là, à la fois entre gens qui s’entendent et, de manière plus générale, en territoire connu.

Une des vertus, justement, de Secrets Of You est d’habiter pleinement un univers que le groupe a façonné. Le temps et la pratique ont fait leur œuvre et les paramètres sur lesquels s’appuie le quintet depuis toujours, à savoir polyrythmie et métriques complexes, sont encore actifs mais les angles en sont arrondis ; la musique y gagne, une fois encore, en limpidité et, de fait, en sensualité. La paire de soufflants déroule des mélismes que l’oreille prend plaisir à suivre avec ce qu’il faut de contrepoints en écho pour enrichir le chant général de compositions globalement mesurées et respirantes.

Une écoute répétée permet de saisir la circulation de tous au sein de cet ensemble. La basse et la batterie louvoient à l’envi entre les pôles alternatifs que proposent les saxophonistes et sont le garant d’une unité organique qui avance imperturbable et voluptueuse, habillée ou dévêtue par un piano modulaire aussi discret que coloriste, délicat et surprenant. La qualité de Print réside dans ce que chacun sait ce qu’il doit dire et comment le formuler, ni loquace ni mutique, dans la parfaite distance aux choses.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 18 février 2024
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