Chronique

Jakob Bro & Joe Lovano

Once Around The Room : A Tribute To Paul Motian

Jakob Bro (g), Joe Lovano (ts, tarógató), Larry Grenadier (cb), Thomas Morgan (cb), Anders Christensen (b), Joey Baron (d), Jorge Rossy (d)

Label / Distribution : ECM

On ne s’attaque pas à la musique de Paul Motian au pied levé : le batteur américain fait indéniablement partie de ces musiciens qui comptent dans le panthéon du jazz. Sa discographie est d’ailleurs extrêmement impressionnante puisque depuis sa participation au Jerry Wald And His Orchestra en 1955 à Consort in Motion en 2010 – il meurt l’année suivante – on compte plus de 200 albums sur lesquels il a enregistrés, en tant que leader ou comme sideman. Aussi, ce Once Around The Room - un album de six titres publié chez ECM, précisera-t-on afin de donner quelques éléments esthétiques - n’a pas vocation à faire une synthèse de la musique de Paul Motian : il faudrait en effet bien plus de matière. Quelque chose de l’ordre de la musicalité ? Ce serait bien plus pertinent, au moins parce que, hormis « Drum Music » signé Motian, les cinq autres compositions sont, soit de Joe Lovano – on rappellera volontiers le trio qu’il menait conjointement avec Paul Motian et Bill Frisell –, soit de Jakob Bro qui a lui aussi enregistré avec Motian, sur Garden of Eden notamment.

On trouve à leurs côtés de non moins immenses musiciens : Larry Grenadier, Thomas Morgan, Anders Christensen, Joey Baron et Jorge Rossy. Un line-up de rêve, pour le dire rapidement, et l’album est à l’image des moyens mis en œuvre par ECM – une célébration par le label d’un musicien emblématique de ce même label – car Once Around The Room est une pépite. Reste qu’on peut interroger le lien avec Paul Motian. La filiation est certes là mais elle ne saute pas aux yeux, ne serait-ce que parce que cet album se suffit à lui-même. Nul besoin d’aller en chercher les clés dans la production de Motian. Nulle analyse n’est d’ailleurs nécessaire ici : le projet est avant tout sensuel. Il faut juste se laisser aller et c’est peut-être là que la patte Motian est la plus perceptible.