Scènes

Anglet Jazz Festival 2022

Retour sur l’édition 2022 du festival d’Anglet.


Mélanie Dahan quintet © Pierre Vignacq

Rendez-vous rituel des amateurs de jazz qui profitent des derniers jours de l’été sur la côte basque, Anglet édition 2022 a connu un franc succès.

À Anglet, comme bon nombre de festivals qui couvrent un long week-end, l’ouverture du jeudi est souvent la « petite soirée ». L’édition 2022 n’aura pas dérogé à la règle puisque tant Daniel Garcia Diego que Raphaël Pannier - qui se sont succédé sur scène - n’ont pas encore percé sur la scène française. Reste que celles et ceux qui avaient assisté aux concerts étaient complètement enthousiastes : les organisateurs, l’équipe d’Action Jazz, les photographes… tous se retrouvaient autour du qualificatif « génial ».

Le lendemain, l’affiche était moins inhabituelle : tant Mélanie Dahan que Lars Danielsson constituent des noms que les amateurs de jazz connaissent. Mais, indépendamment de ces considérations, l’une - en quintet - et l’autre - en quartet - ont contribué à la qualité de cette édition. Il s’agissait de deux registres différents puisque Mélanie Dahan, avec notamment Jérémy Hababou qui a écrit la musique du projet, y jouait et chantait Le Chant des possibles, son dernier album dans lequel elle revisite, réinterprète et récite des poèmes et chansons de langue française. On a ainsi croisé Andrée Chedid, Tahar Ben Jelloun, Paul Misraki, Bernard Joyet, Charles Aznavour ou encore Henri de Régnier. Quand on avait laissé traîner ses oreilles durant la balance, on savait que le groupe avait anticipé un rappel, en l’occurrence « Saturne » de Georges Brassens. Il y en eut deux, un signe qui ne trompe pas.

Mélanie Dahan et Benjamin Petit © Pierre Vignacq

Un changement de plateau et ce fut le quartet « Liberetto » de Lars Danielsson qui s’installait. Aux côtés du contrebassiste on trouvait Grégory Privat, John Parricelli et Magnus Öström. Les amateurs - et ils sont légion - d’E.S.T. retrouvaient avec une délectation certaine le batteur suédois et sa mécanique implacable. Son jeu, sa notoriété aussi, faisaient revivre quelques bribes du regretté trio. Mais point de « Face of Love » ou de « Good Morning Susie Soho ». Le registre était celui de Lars Danielsson et venait puiser dans les deux albums du « Liberetto ». L’ambiance était à l’évanescence, aux allers-retours entre crescendo et descrescendo, à la douceur, au feutre et à la soie. Une première standing ovation, un rappel, une seconde salve d’applaudissements tous debout : on aurait pu poursuivre ainsi jusqu’au lendemain, voire au-delà.

Lars Danielsson quartet © Pierrre Vignacq

Le lendemain, précisément, le Quintaou accueillait le saxophoniste Éric Séva. Il jouait en trio avec Bruno Schorp à la contrebasse et Zaza Desiderio à la batterie. Une formule sans instrument harmonique que Séva a adoptée pour son dernier album.

Le set du trio était très doux. Des ballades, mais aussi « Trains clandestins », évocation des évasions d’esclaves vers le nord des États-Unis au XIXe siècle, « Crossroad » ou encore « Indifférence », une valse musette en guise de rappel qui permit tant au groupe qu’au public de quitter le théâtre en se déhanchant au rythme de ce trois temps.

Eric Séva trio © Pierrre Vignacq

La suite fut assurée par Robin McKelle dans un registre moins surprenant. En quartet, où Laurent Coulondre remplaçait Matthias Bublath, elle a envoyé du lourd. Le projet était axé autour de grandes chanteuses et, au gré de ce tour de chant, on a rencontré Amy Winehouse, John Mitchell, Sade, Janis Joplin. Le concert s’est transformé en un grand show quand Robin McKelle a demandé au public de chanter, se lever, gigoter, à défaut de pouvoir danser, coincé entre les sièges. C’était la touche spectaculaire de l’édition 2022.