Chronique

Mars Williams

Presents An Ayler Xmas - Volume 2

Il faut sans doute remonter au Joyeux Noël de chez nato, sorti de l’imaginaire de Jean Rochard, pour trouver des interprétations de chants de Noël aussi déjantées et décapantes. Cela dit, il s’agit du deuxième volume du genre qui vient succéder à un premier que le saxophoniste de Chicago Mars Williams a sorti un peu précipitamment fin 2017.

D’ailleurs, à ce sujet, un peu d’histoire s’impose. Au milieu des années 90, Williams forme Witches and Devils, un groupe reprenant des morceaux d’Albert Ayler. Plus récemment, pour donner plus de piment à la formule il décide d’ajouter au chaudron des musiques de Noël. Une idée moins incongrue qu’il n’y paraît à première vue, car la simplicité mélodique constitue un dénominateur commun. En décembre 2017, Williams exporte le concept en assemblant des formations à New-York et en Europe. Ce nouveau disque documente cette dernière étape et fait alterner le groupe de Chicago avec un quintette de musiciens autrichiens.

Au fil des ans, Williams a su peaufiner ses arrangements et les transitions sont devenues plus lisses. La surprise est que les Autrichiens aient aussi rapidement assimilé le concept. Certes moins joyeusement bordéliques que les Américains, mais aussi mieux enregistrés, ils mettent en avant les contrastes, tel Christof Kurzmann poussant doucement la chansonnette avec « Mon Beau Sapin » ou « We Wish You A Merry Xmas ». Les mitrailles du trompettiste Thomas Berghammer répondant aux figures alambiquées de Williams font merveille, les deux musiciens fonctionnant souvent en opposition. Le saxophoniste a peut-être déniché là un nouveau complice.

Dans le groupe de Chicago, si Jeb Bishop, Fred Lonberg-Holm ou Josh Berman sont connus des scènes européennes, c’est moins vrai de Jim Baker, Brian Sandstrom et Steve Hunt qui avec Williams forment aussi un des groupes les plus sous-estimés de la planète, Extraordinary Popular Delusions. Cela explique la cohésion qui permet d’éviter à cet équipage ébouriffant de sombrer comme le Titanic.

La qualité des improvisations, la vivacité des échanges et la bonne humeur ambiante et omniprésente font qu’on pourra passer ce disque à d’autres moments que les fêtes de fin d’année.


Avec : Mars Williams (ts, as, jouets), Josh Berman (cnt), Fred Lonberg-Holm (cello), Jim Baker (p, synth, alto), Kent Kessler (b), Brian Sandstrom (b, g, tp), Steve Hunt (dm, perc), Jeb Bishop (tb), Thomas Berghammer (tp), Hermann Stangassinger (b), Didi Kern (dm, perc), Christof Kurzmann (lloopp, voc)