Naissam Jalal
Souffles
Naissam Jalal (fl, voc), Archie Shepp (ts, voc), Émile Parisien (ss), Irving Acao (ss), Louis Sclavis (clb), Robinson Khoury (tb), Sylvain Rifflet (ts), Thomas de Pourquery (as), Yom (cl).
Label / Distribution : Les Couleurs du Son
L’idée de cet album est toute simple : plutôt que d’attendre le jour hypothétique où elle pourrait jouer avec les « camarades soufflants » qu’il lui arrive de côtoyer et qu’elle aime, Naissam Jalal a décidé de prendre les devants et de les réunir pour un disque. Pas ensemble, mais chacun d’entre eux pour un duo. Notons au passage que les compositions de Souffles ne portent pas de titre, juste un numéro (dans le désordre), comme si toutes ces rencontres n’étaient l’expression que d’un seul ensemble, sous la forme d’une suite de l’intime en huit mouvements et d’une célébration des forces de l’âme.
Ce dixième disque de la flûtiste est donc un peu à part du fait de son intention, entre invocation et méditation. Mais l’humanité qui la définit s’exprime pleinement tout au long de ces courtes conversations (chacune d’entre elles durant de quatre à cinq minutes), dans une sorte de « fraternité de la respiration » où chaque protagoniste reste lui-même tout en se glissant, avec discrétion et tact, au centre de l’univers suggéré par l’écriture de Naissam Jalal. C’est à chaque fois un double mouvement d’approche, une rencontre au plus près de l’esprit et du cœur qui se joue devant nous. Le casting est étoilé, qui unit les générations, d’Archie Shepp à Robinson Khoury (que près de 60 ans séparent !), en passant par Louis Sclavis, Thomas de Pourquery, Émile Parisien, Yom, Sylvain Rifflet et Irving Acao. Saxophones, clarinettes, trombone et chant font l’offrande de leur voix à celle de la flûte, imprimant amoureusement leur marque dans une déclaration d’union de leurs textures et une réelle continuité esthétique d’une composition à l’autre.
Ces quelque 36 minutes de musique profonde s’écoutent… comme dans un seul souffle, ou plutôt sous les effets d’une sorte d’apnée heureuse dont on ressort pacifié. Avec en conclusion les voix mêlées d’Archie Shepp et de Naissam Jalal chantant leur blues poignant, paraissant survoler ainsi toute l’histoire de la musique de jazz.

